Le projet Grindhouse de Tarantino & Rodriguez est en train de faire des petits et on peut malheureusement aussi craindre le pire de ce revival opportuniste, suite au succès des bombes que sont Grindhouse & Machete.
De ce strict point de vue, ce Hobo with a shotgun est déjà une bonne surprise car il s'avère un divertissement plutôt soigné, honnête et franchement très drôle.
Il est évident que Jason Eisener (Treevenge) n'est pas encore au niveau de Rodriguez et encore moins à celui de Tarantino, mais ce premier métrage est plus que prometteur en ceci qu'il en transpire un véritable amour du cinéma bis autant qu'un désir de proposer un objet qui se tienne du point de vue de la mise en scène et de ses partis pris...
On navigue entre anticipation et vigilante, dans un scénario qui - en caricaturant à peine une réalité sociale américaine - décrit une ville totalement sous le joug d'un mafieux sadique adepte de jeux du cirque morbides et d'une police totalement corrompue maintenant son pouvoir sur la population par la terreur.
Déjà, de ce ce strict point de vue le film est bien plus audacieux, profond et dérangeant qu'il n'y parait, notamment lorsqu'il décrit le "bullying" filmé des SDF très en vogue ces dernières années sur You Tube, les difficultés de fonctionnement de son système de sécurité sociale ou de santé ou la simple passivité des populations face à la terreur qu'engendre leur insécurité.
Le film - canadien... il parait utile de le préciser - porte un regard lucide et cruel sur le glissement vers la barbarie d'une Amérique corrompue de toutes parts...
Mais attention, ne nous trompons pas, le film n'a rien d'un film à thèse... ce qui est d'ailleurs préférable car sinon, son propos pourrait facilement glisser - comme tous les films de "vigilante" - vers une démagogie populiste d’extrême droite...
Et c'est le décalage permanent du film, oscillant de manière assez maline entre premier et second degré, assumant parfaitement la débilité et le simplisme de son scénario et son caractère référentiel à tout le cinéma d'action B à Z des années 70/80 de la blacksploitation aux Menahem/Golan qui le sous-tend et qui fait passer le suppo sans irritation aucune.
Si j'ajoute à cela que le film est tourné en Technicolor et accorde un soin éblouissant à la photographie qui offre une explosion de couleur du début à la fin, qu'il est drôle et joyeusement gore et que sa violence y est parfaitement gratuite et assumé...
Et que le has been de luxe Rutger Hauer y fait un retour en force absolument époustouflant qui pourrait bien ressusciter le désir des plus grands cinéastes. J'affirme sans honte qu'il s'agit bien là d'un plaisir - certes un peu coupable - mais bien réel et qui devrait réjouir tous les amateurs de bisseries... A découvrir de toute urgence !