“Dad? I need you to hear me.”

Honey Boy c’est l’histoire d’Otis (Lucas Hedges), jeune acteur qui souffre de sérieux problèmes d’alcool et de violence. Après avoir eu un accident de voiture et agressé un agent de police, il est envoyé dans un centre de réhabilitation qu’il ne pourra quitter sous aucun prétexte, sous risque de finir derrière les barreaux. Otis doit alors entamer un travail sur son stress post-traumatique s’il veut pouvoir s’en aller. Pour ce faire, il devra faire face à la relation tempétueuse qu’il avait avec son père, principalement à l’époque où il vivait et travaillait avec lui. Cette partie du film est d'ailleurs portée par le très prometteur Noah Jupe et l’inclassable Shia LaBeouf, qui incarne le personnage basé sur son propre père.


Acteur mais également auteur du scénario, Shia LaBeouf nous expose ici des plaies profondes et personnelles qui n’étouffent pourtant jamais le spectateur, grâce à l’équilibre apporté par la réalisation d’Alma Har'el. Alors que le propos est dur et pesant, la photographie quant à elle est douce, elle nous plonge dans un coucher de soleil presque permanent qui éloigne des maux et des confrontations. S’en dégage alors une certaine mélancolie qui nous traduit tout l’amour que le personnage d’Otis s’entête à cultiver malgré la peine.


Comment arpenter le monde avec un bagage émotionnel aussi lourd ? La relation qui unit ce père et son fils est complètement déséquilibrée, toxique et basée sur un système de récompense dont Otis ne peut venir à bout. Alors que le père semble être dans une performance constante, à la limite de la compétition avec son propre fils, Otis quant à lui tente tant bien que mal de se construire tout en lui cédant tous ses caprices. Il en sera d’ailleurs plus impacté qu’on ne le pense puisque lui-même sombrera derrière un personnage tout au long de sa vie d’adulte. En effet, difficile de s’épanouir quand on est forcé d’être le parent de son propre père à un si jeune âge.


Honey Boy n’est autre qu’une thérapie, à la fois pour le personnage et pour l’auteur, nécessaire et viscérale, à travers laquelle il livre ses souffrances, ses espérances, et accorde son pardon à un homme brutal et tourmenté qu’il a si longtemps attendu.


Bien que Shia LaBeouf soit revenu sur certains aspects de ce film, notamment sur l’abus dont il traite, il ne manquera pas pour autant de faire écho à tous ces enfants forcés de grandir avant l'heure, et qui attendent encore qu'on leur prenne la main.

Une lettre d’amour difficile mais ô combien salvatrice.


The only thing my father gave me that was of any value is pain. And you want to take that away?

pcn70
8
Écrit par

Créée

le 3 avr. 2023

Critique lue 1.7K fois

12 j'aime

pcn70

Écrit par

Critique lue 1.7K fois

12

D'autres avis sur Honey Boy

Honey Boy
PierreAmo
7

Papa poule.Biopic de Shia LaBeouf,l'e(r)gotiste.Face à ses problèmes:faire l'Autruche ou le Poirier?

(Volutes de remarques désordonnées spoilantes, juste après visionnage du film) "...atrophié, qui ne repose pas sur le sol..." Résumé: De nos jours, un alcoolique fait l'Autruche avec ses problèmes de...

le 21 août 2020

9 j'aime

4

Honey Boy
MalevolentReviews
6

Chicken Little

Shia LaBeouf est sans conteste la personnalité hollywoodienne la plus fucked up et la plus curieuse des temps modernes. Superstar de la TV pendant son adolescence, second rôle anecdotique dans de...

le 12 nov. 2020

7 j'aime

Honey Boy
Boubakar
5

Enfant star(te)

Lors d'un accident de voiture en état d'ébriété, un jeune acteur se confie à sa psy sur ses troubles liés à l'enfance, et en particulier à son père alcoolique, violent et drogué... En voyant Honey...

le 27 juil. 2021

2 j'aime