Shia LaBeouf est sans conteste la personnalité hollywoodienne la plus fucked up et la plus curieuse des temps modernes. Superstar de la TV pendant son adolescence, second rôle anecdotique dans de gros blockbusters, révélation sur pas mal de productions indés, encore une fois star de blockbusters robotiques, acteur de tous les excès pendant les tournages, méthode d'acting dangereuse, coach spirituel sous fond vert, arrestations multiples, manifestations abasourdissantes, expérimentations diverses et variées dont un visionnage face caméra de sa propre filmographie... À seulement 33 ans, le CV est juste hallucinant.


En 2019, il continue d'ajouter une corde à son arc en écrivant son propre biopic, basé sur sa jeunesse compliquée avec son père alcoolique et exigeant. Mais là où LaBeouf frôle la démence (ou le génie ?), c'est qu'il s'octroie à l'écran le rôle de son propre père, confiant la mise en scène à sa pote Alma Har'el, qu'elle avait déjà dirigé dans le clip "Fjögur Píanó" de Sigur Rós. Pour son premier long-métrage ciné, la réalisatrice israélo-américaine présente ainsi une histoire surfant sur deux époques, le présent et le passé, intimement liées et toutes deux dramatiques.


Nous y découvrons donc la jeunesse de Shia, rebaptisé ici Otis (le très impressionnant Noah Jupe), son enfance difficile auprès d'un pater raté qui essaie d'être un manager compétent, frustré de voir sa carrière de clown aux oubliettes pendant que sa propre progéniture cartonne au box-office. Voir le fils d'Indiana Jones dans un rôle aussi psychologiquement violent, sans cesse à rabaisser son fils, à lui montrer l'inverse du bon exemple et à paradoxalement le pousser vers le haut, est une expérience aussi gênante qu'hypnotique.


Pour autant, le film n'est pas parfait, sa structure de film indé anticonformiste et les séquences plus paresseuses avec un Otis de 22 ans (Lucas Hedges, pas très convaincant) brisant constamment le rythme du métrage. Ainsi, en dépit de nombreuses scènes pas toujours maîtrisées et d'un final en eau de boudin, Honey Boy reste un drame foncièrement touchant et un biopic hors normes, déstabilisant et infiniment poétique, un exutoire surprenant que l'on peut regarder sans se soucier du réel vécu de Shia LaBeouf.

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le 12 nov. 2020

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