Je ne suis pas super fan de ce genre de production, mais de temps en temps, j’éprouve le besoin de me faire un petit peu peur. Vu le buzz qu'il y aeut derrière, je me suis dit que ca vaut quelque chose... Cependant je reste exigeant. Il faut qu’il y ait du cinéma en-dessous, sinon c’est pas la peine. Le jeu de massacre sanguinolent juste pour choquer je ne vois pas l’intérêt. Et maintenant les réseaux sociaux permettent de voir tellement d’horreurs sans filtre, (otages exécutés, êtres humains torturés, têtes coupées et j’en passe); pour que ça passe au cinéma il me faut un sacré dispositif et du cinéma solide derrière. Alors c’est sûr que Hostel ne révolutionnera pas le genre, même si le gars ne manque pas de talent. On sent qu’il aime ce cinéma-là, et qu’il en a vu des tonnes, qu’il recycle intelligemment le concept bien que ce ne soit pas très original. Il a le sens du cadrage, de la ligne narrative (unique, mais faut pas trop demander), ce qui fait oublier (un peu) la simplicité de son propos.
Alors les personnages ne sont pas très intéressants, un peu cons, et ça prend du temps à démarrer; et quand ça arrive, la violence c’est presque suggéré, parfois frontal, ou explicite, mais jamais gratuit. Bon point. C’est filmé avec un ton de comédie post-dramatique, ou de série B perverse. La sentence: "L’homme est un loup pour l’homme." c'est toujours bon de nous le rappeler de temps en temps; cette sentence est classique, mais comme à chaque fois qu'on en voit les effets ça fait quand même froid dans le dos. La chasse à l’homme organisé de façon rationnelle, comme dans une entreprise, tout ça délocalisée dans un pays de l’est, l'effet Mondialisation et tout ce qui va avec. Des toiristes qui viennent prendre leur pied dans un pays exotique et qui tombent dans le piège... Le décor est sordide, genre un pays de l'Est en état de délabrement avancé, glauque. La subtilité du film c’est que la chasse à l’homme (le sujet) c’est un détail; ce qui compte réellement, c’est ce qui se passe après…la torture, le spectacle, et ceux qui payent pour participer ou regarder. Monsieur tout le monde, pitoyable tortionnaire pathétique, simple spectateur-acteur-consommateur. Ce film dit quelque chose de notre société du spectacle actuel. Rien que pour ça il est intéressant. Le manque de moyens hollywoodiens le sert, ça devient plus intimiste, plus proche et plus pervers donc, pas gros barnum à vendre. Autre bon point, on ne sombre pas dans le cliché du méchant tortionnaire: méchant! méchant! méchant!
C’est filmé comme avec lenteur, sans se précipiter, comme si le gars derrière la caméra se voulait poseur, et se regarde facilement même quand on est on est une âme sensible.
À essayer! Bon divertissement horrifique.