Voilà un film qui partait bien. Bluette un peu concon sur des amours adolescents en plein été. Starring la fille "trop dark tu comprends j'entends des voix" new-yorkaise, parachutée dans la campagne anglaise qui commence à se dire que finalement ces bouseux sont plutôt sympathiques. Surtout le grand costaud qui parle aux vaches. Et là, en plein pique-nique, paf, la 3ème Guerre Mondiale est déclenchée. Evidemment ça surprend. Et c'est à ce moment que le film devient virtuose, traitant avec finesse de la perte des valeurs de l'innocence, de l'importance de glorifier l'humanité et la vie en temps de guerre, du traitement de l'enfant en marge de la société. La photo est magnifique, Kevin McDonald dirige la jeune Saoirse Ronan avec une sacrée justesse et la BO donne des frissons. Le plan parfait de l'explosion de la première bombe, glaçant, reste comme un fantôme dans l'esprit jusqu'à la fin du film. L'image d'une angoisse sourde, mais lointaine, qui se rapproche et brise la paix.

Et là paf, tout part en sucette.

Pour une raison simple, la raison. L’héroïne le dit : " During the War, we all learned to stop looking for reasons why things happened". Mais pas nous. Parce que McDonald centre le récit sur la manière dont un conflit mondial fait comprendre à une punkette qu'elle n'est pas le centre du monde. OK PAS DE PROBLEME. Il aborde bien sûr le thème du changement vers la femme/mère, mais mélange cette thématique avec un matériau un tout petit peu hors propos. Ce n'est pas la peine de subir une Guerre atomique pour se repenser soi-même. D'autant que le road movie qui se dessine rapidement est sans concession, avec des plans crus, dans une atmosphère de campagne sous le siège de l'inhumanité très intéressante, Danny Boyle inside. La guerre ne cible pas forcément les grandes villes. Elle a aussi besoin de souffler de temps en temps.

How I Live Now est bourré de belles séquences mais se vautre tellement dans le n'importe quoi, (transmission de pensées amoureuses entre les héros, retrouver son chemin grâce à un procédé téléphoné depuis au moins 600 ans, etc) et ce jusqu'à une conclusion ornée du sceau bonne conscience, qu'il perd toute sa puissance pourtant fascinante dans un premier temps, pour se laisser ronronner au coin d'un feu de bonnes intentions. Et pourtant il vaut le coup d'être vu pour ses quelques fulgurances. Enfin surtout pour la BO.
Killywan
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le 21 mars 2014

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