Ô mon Yahvé, suis-je fou ou ai-je perdu la raison ? Les deux sans doute, car il faut être timbré de nos jours (ou bien travailler aux P&T) pour oser, que dis-je... pour avoir les mégas-corones de la mort qui tue par le regard, d'aborder la critique d'un film où Dieudonné M'Bala M'Bala (qui n'était à l'époque que Dieudonné, ndlr) tient la vedette. Je sens déjà à travers ce merdique clavier les menaces de mort envers mes proches et moi-même, des lettres brûlantes me taxant d'antisémite parce que j'ai transgressé la morale en regardant un film dans lequel apparaît l'ennemi public numéro 0. Pauvre de moi. Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu'ils font...
Marchand, tueur à gages chevronné décide lorsque sa femme découvre son "métier" hors du commun de tirer un trait sur son passé de malfrat. Mais son chef d'équipe ne l'entend pas de cette oreille et va tenter le tout pour le tout afin de coffrer le petit Marchand dans un cercueil... Malgré une réalisation tout à fait banale (signée Jean-Paul Lilienfeld, qui déçoit un peu ici, lorsque l'on sait qu'il a tourné "Quatre garçons pleins d'avenir" et "La journée de la jupe"...) et une bande-son insupportable et répétitive, "Hors Service" bénéficie d'un casting sinusoïdalement à la hauteur pour le sauver du naufrage total.
Il y a tout d'abord Dieudonné, qui incarne Marchand, le personnage principal. En admirant sa prestation d'acteur dans "Hors Service", on parvient à faire abstraction de toutes les polémiques et tous les scandales qui ont pu et peuvent encore entourer son aura publique. On redécouvre au fil des scènes un acteur d'exception, qui mérite amplement qu'on lui redore son blason d'artiste (houlala, sans même publier ces éloges, je reçois des mails d'insultes et de menaces...). Face à lui, Lambert Wilson tente d'interpréter à l'américaine un chef de bande charismatique : il ne fait que tenter... François Berléand excelle dans la peau d'un cinquantenaire pathétique et paranoïaque, nous infligeant par-ci par-là des rires pulsionnels. Lorànt Deutsch nous attache (et nous empoisonne avec une flèche qui nous illusionne...) avec son personnage brillamment joué : une jeune recrue encore fada de son tamagochi et au difficile contrôle de ses émotions. Et pour finir, il y a l'insignifiant Stéphane Guérin-Tillié...
À travers une histoire bien écrite et pourtant si prévisible, Jean-Paul Lilienfeld nous offre une petite comédie sympathique idéale pour passer le temps lors d'un samedi après-midi où l'ennui tisse sa toile.