C’est un des syndromes de l’épuisement. Quand un genre commence à tourner en rond, que les visionnaires ont fait le tour, que les artisans commencent à déserter, quand il n’y a plus beaucoup de temps avant un état généralisé d’opportunisme paresseux et d’autoparodie tantôt involontaire tantôt cynique, il y a une petite fenêtre où les petits malins s’en donnent à cœur joie. Peter Jackson a pour un temps achevé le gore et l’horreur frontale avec Bad Taste et Braindead, dans Last Action Hero, John McTiernan tournait en dérision l’actioner bourrin dont il s’était fait le chantre pour ne citer que les exemples les plus marquants. Un film comme Hudson Hawk se situerait bien un peu dans cette veine. Sorti deux ans avant Last Action Hero justement, il reprenait pour partie les codes du film d’action pour proposer un divertissement malicieux et sympathiquement loufoque.
Héritier des romans et films d’espionnage/cambriole pulp où tout s’enchaîne en dépit du bon sens, mais aussi donc des films d’action typiquement 80’s où tout peut virer au n’importe quoi à partir du moment où y a des trucs qui explosent, Hudson Hawk met en scène un cambrioleur (Bruce Willis) qui, à peine sorti de prison, est contraint de reprendre du service... et qui ce faisant se retrouvera à swinguer dans les musées, jouer à cache-cahe avec la sécurité, tomber d’immeubles, échapper à des mafieux en brancard sur le pont de Brooklyn, être privé de cappuccino à de nombreuses reprises, fricoter avec les services secrets du Vatican, prendre d’assaut un château en chantant et canoniser un petit chien.
C’est totalement invraisemblable et c’est totalement calculé. Daniel Waters, co-scénariste avec Steven E. de Souza (scénariste par ailleurs de Commando et deux premiers Die Hard), et le réalisateur Michael Lehmann qui avaient travaillé ensemble sur le petit bijou d’humour noir qu’est Heathers s’amusent justement des poncifs du genre et s’adonnent à une accumulation jubilatoire.
Néanmoins, le film ne repose pas uniquement sur le semi détournement des ficelles narratives du genre, il s’appuie aussi sur leur efficacité. Si on sent à la fois le rire en coin et l’hommage aux héros d’antan auréolés de la lumière du bon vieux deus ex machina qui avaient une chance ou une poisse de tous les diables dès lors que l’avancée du récit le justifiait, ça reste un moyen d’assurer la dynamique de l’ensemble. Voir Bruce Willis tomber de Charybde en Scylla ou plus précisément dans le vide après une échauffourée et arriver pile-poil chez son agent de probation douteux ou à la table de la fille avec qui il avait rencard est gros mais incroyablement réjouissant d’autant que les scénaristes y recourent suffisamment pour nouer une connivence avec les spectateurs et spectatrices (même si, à l’époque, ça n’a pas été aussi évident, le film ayant été un échec aussi bien critique que commercial, le public s’attendant à à voir un film d’action pur jus) mais jamais au point d’apparaître répétitif. Bref ça swingue.
Et mieux c’est aussi ce qui va contribuer à asseoir l’identité du film. Hudson Hawk n’est pas uniquement un pastiche mais bien un film de cambriole/d’aventure ésotérique pré-Da Vinci Code/d’action/d’espionnage à part entière teinté de surréalisme et d’humour cartoon. Il repose sur une vraie structure, ses scènes d’action ou de suspense sont particulièrement soignées en plus d’être assez inédites (la poursuite en brancard, les opérations minutées sur du Bing Crosby ou du Jerry Lewis et Dean Martin...). Les personnages principaux sont attachants, les antagonistes sympathiquement barrés dans la catégorie méchants bondiens exacerbés et leurs sous-fifres assez improbables, la CIA de confiserie notamment, accompagnée de courts effets musicaux signés Michael Kamen qui rappellent ses collaborations avec Terry Gilliam.
Niveau casting, Bruce Willis et Danny Aiello semblent se marrer autant que leurs personnages, Andy McDowell, à une époque où elle apparaissait plus dans des films que dans des pub pour produits cosmétiques et qui fait super bien le dauphin, Richard E Grant et Sandra Bernhard incarnent à la perfection le couple de milliardaires mégalomanes naturellement excentriques et James Coburn en barbouze qui a fini par assumer complètement son côté obscur. Chacun servi par tantôt une scène délirante, tantôt une réplique savoureuse (l’adaptation française est à saluer).
Hudson Hawk est loin d’être parfait mais c’est le genre de délire issu de studios « respectables » qu’on aimerait voir plus souvent.
Personnage > Agissement
À voix haute > Lit ou fait la lecture – Bagarre > Assomme deux sous-fifres en frappant leur tête l’une contre l’autre – Bagarre > Atteint/blesse/tue un·e allié·e en voulant l’aider – Bagarre > Fracasse une bouteille sur le crâne d’un type – Bagarre > Coup dans les couilles (ouch !) – Bar man qui fait glisser une consommation sur le comptoir jusqu’à son client – Chute dans le vide en criant « Aaaaaah ! » – Course-poursuite > Défonce volontairement un portail avec son véhicule – Découpe un cercle dans une vitre pour s’introduire dans un bâtiment – Fuite > Acculé·es au bord du vide, sautent – Fuite > Bouscule des passants – Stylé > Balance une petite phrase avant de mettre une personne hors d’état de nuire (ou juste après) – Stylé > Démontre son habileté avant un combat pour intimider son adversaire – Tension > Échappe in extremis à un danger
Personnage > Caractéristique
Religion > Fait un signe de croix
Personnage > Citation
Défie > « Tu tapes/cognes/frappes comme une fillette » – Exprime du soulagement > « Bingo ! » – Psalmodie > « Réponds-réponds-réponds » tandis que le téléphone sonne dans le vide – Se justifie > « Laisse moi t’expliquer ! » / « C’est pas ce que tu crois ! » / « Tu dois me croire, je t’expliquerai »
Personnage > Héros ou héroïne
Fibre héroïque > Sauve une femme en détresse, ou un enfant inconscient – Tension > Son fils, sa fille, sa femme, un·e proche est en danger, entre les mains des méchant·es
Personnage > Méchant·e
À l’épreuve > Sous-fifre qui se fait berner comme un·e bleu·e – Mégalo > Badguysplaining – Mégalomane – Mort > Big boss qui tue un sous-fifre pour sanctionner une erreur/une trahison
Personnage secondaire
Agent·e de sécurité chargé·e des caméras de surveillance qui ne voit rien venir – Équipe de sécurité à la ramasse – Sbire neuneu
Réalisation
Course-poursuite > Voiture qui décolle et se retourne en l’air (suite à une collision) – Fin > Image figée – Grammaire > Ralenti lors d’une chute ou d’un saut dans le vide – Habillage > Placement de produits – Ouverture ou fin > Gros plan sur un vieux livre – Ouverture ou fin > Voix off d’introduction ou de conclusion – Technique > Même évènement (généralement une explosion ou une mort...) montré plusieurs fois d’affilée sous un angle et depuis une distance légèrement différente
Réalisation > Accessoire et compagnie
Giclée de spray balancée pour révéler des rayons laser – N’importe quoi > Explosion injustifiée – Pouet-pouet > Effet pyrotechnique hasardeux
Réalisation > Audio
Ambiance sonore > Aaaah, ce petit air au piano en arrière-plan sonore des scènes qui se passent au restaurant – Ambiance sonore > Alarme stridente de vaisseau spatial/laboratoire/base secrète – Bruit exagéré > Balles qui ricochent contre du métal – Bruit exagéré > Bruit métallique injustifié – Bruit exagéré > Coups donnés lors d’un combat au corps-à-corps – Bruit exagéré > Flingues chargés et chiens armés – Bruit générique > Son de dessin animé : ressort, clochette, etc. – Course-poursuite > Effet Doppler
Réalisation > Surprise !
Faux suspense !
Scénario > Blague, gag et quiproquo
Calembour – Comique de répétition – Coup dans les couilles (gag) – Cri (gag) – Est bourré·e ou drogué·e (gag) – Gag avec un animal – Gag cartoonesque – Interprétation > Louche ou grimace après avoir reçu des coups – Passe par la fenêtre/par dessus un parapet après avoir manqué la cible de son attaque – Ronflements
Scénario > Contexte spatio-temporel
Cliché touristique – Vente aux enchères
Scénario > Dialogue
Atteinte à la virilité > Taulards, sportifs, soldats ou flics appelés mesdemoiselles – Phrase-choc
Scénario > Élément
Pirate une caméra de sécurité en faisant une boucle d’images
Scénario > Ficelle scénaristique
Découvre un objet compromettant en faisant tomber un sac – Empoisonné·e - hey hey heeeeey ! – L’univers est petit – Pile-poil > La chute du personnage se termine sur un véhicule qui lui permet de s’échapper – Retour d’un personnage qu’on croyait mort
Scénario > Situation
Menace > Impliquant la bite et/ou les couilles – Ouverture > Personnage qui sort de taule – Tension > Doit s’échapper avant la destruction imminente de...
Thème > N’importe quoi
Accessoire > Objets qui scintillent trop – Carton-pâte > Élégamment propulsé·e par le souffle d’une explosion très proche – Non-suspension d’incrédulité > Disparaît comme par enchantement – Non-suspension d’incrédulité > Le/la méchant·e devrait en toute logique tuer la/le gentil·le immédiatement ; au lieu de quoi il l’abandonne en vie dans une situation jugée désespérée mais qui permettra au/à la gentil·le de s’en sortir – Scientifiquement non prouvé > Physique des matériaux soumise à rude épreuve
Thème > Sexisme hostile à l’égard des femmes
Dépendante > Elles craquent toutes pour ce mâle alpha
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Barème de notation :
1. À gerber
2. Déplaisir extrême et très limite sur les idées véhiculées
3. On s'est fait grave chier
4. On s'est fait chier mais quelques petits trucs sympas par-ci par-là
5. Bof, bof ; pas la honte mais je ne le reverrais jamais ; y'a des bons trucs mais ça ne suffit pas
6. J'ai aimé des trucs mais ça reste inégal ; je pourrais le revoir en me forçant un peu
7. J'ai passé un bon moment ; je peux le revoir sans problème
8. J'ai beaucoup aimé ; je peux le revoir sans problème
9. Gros gros plaisir de ciné
10. Je ne m'en lasserais jamais
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les meilleurs films avec Bruce Willis et Les films les plus sous-estimés
Créée
le 23 juin 2025
Critique lue 8 fois
J'ai eu un gros coup de coeur pour ce film comique de Bruce Willis, en Arsène Lupin U.S. dans un contexte contemporain. Un film réalisé comme un cartoon qui ne se prend jamais au sérieux, tout en...
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le 12 nov. 2010
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