Pour les riches, c’est Vivaldi. Pour les autres : vive Aldi !

Pour les riches, c’est l'opéra, Vivaldi. Pour les autres : vive Aldi !

En France, c'est un des magnats du textile, Gérard Mulliez, qui pressentant sa fin prochaine, enfin plutôt celle de l'empire du textile dans le roubaisis, et de retour dans le Nord après un voyage de formation en Amérique, avait créé la marque Auchan, concurrencé et mis en liquidation judiciaire d'ancestrales chaînes de magasins, genre Coop, Docks du Nord, Monoprix, Minifix... en partant de cette devise : vendre plus pour vendre moins cher... Ayant décimé un à la fois, tous les petits magasins à Roubaix mais dans bien d'autres villes et qui en portent encore les stigmates immobiliers : à chaque coin de rue, on devine que là, jadis, existait un petit commerce : boucher, boulanger, épicier, marchand de légumes, de jouets (les premiers à baisser le store à tout jamais) : de vrais commerces de proximité comme on semble vouloir les recréer aujourd'hui mais avec un statut de forçats !

Avant, et contrairement aux loups qui ne se mangent pas entre eux, les hypers se firent la guerre des prix, certains ne s'en relevant pas, comme les mammouths, mais après avoir envoyé tous les petits commerçants au chômage... Même un politique, Poujade n'avait pu arrêter le tsunami de la grande distribution ! Puis un autre tenté de limiter nombre et surface... le tout bien inutilement : force reste toujours à l'argent !

La devise "vendre plus pour vendre moins cher" a vécu ! Les hypers vont-ils se faire à leur tour"bouffer" par le géant Amazon qui vise ,à l'entendre, à la satisfaction du client avant tout le reste, se diversifie vers l'alimentaire et le frais ? Tout en livrant à domicile pas cher...

Autres temps autres mœurs ?

Pour bien connaître ce milieu des hypers, je dois dire que Rémi Delescluse sur lequel la biographie de Wikipédia ne s'est pas encore penchée, , semble lui avoir bien maîtrisé un sujet qu'il semble affectionner bien que n'ayant peut-être pas connu "l'avant-hypers" !

Et n'a pas connu jadis cette honte frappant les employés des grandes surfaces : pointés du doigt pour faciliter la chute du petit commerce, dont Edouard Leclercq avait tout comme Mulliez senti le vent venir...

Au début, les employés des grandes surfaces étaient plutôt bien payés : le recrutement était difficile et les hypers cachaient leurs offres d'emplois sous anonymat. Maintenant et comme dans tous les autres secteurs, la précarité du travail est la règle... Edictée par nos gouvernants et limitant la puissance syndicale d'antan !

Même dans le Leclercq où je m'approvisionne et dans lequel le turn-over du personnel est incessant et impressionnant ! Et où ont successivement fermé les rayons fromage à la coupe, puis boucherie à la découpe, o la poissonnerie est tenue une fois sur deux et où le gros des places de stationnement pour handicapés se trouve à l'opposé de l'entrée du magasin (!)

Et pas de réclamation possibles : chaque directeur est son propre "Poutine", Michel Edouard s'auréolant de ne diriger aucun magasin et se retranchant derrière la féodalité de ses "free-lance"...

Alors qu'à contrario, aucune de mes réclamations à Amazon (où le service est loin d'être parfait) n'est restée insatisfaite...

Alors bien sûr, il n'y a pas de miracles : ou on paupérise les fabricants, éleveurs ou agriculteurs, ou on trouve des astuces pour minorer impôts et charges sociales, ou on revient à l'époque des serfs comme ce gérant d'un Carrefour de proximité ayant signé un bail de 99 ans (illégal) et qui doit acheter au géant ses marchandises plus cher qu'en allant les quérir dans l'hyper du coin !

Ce documentaire, sans tomber dans le poujadisme, ne prend pas parti mais nous laisse dubitatifs : reviendrions-nous au moyen-âge où les travailleurs asservis à un seigneur s'échineraient à enrichir des capitalistes ne suant pas eux, sang et eau ? La question reste ouverte ! Aussi ouverte que la chasse aux économies d'emplois contribuant paradoxalement à toujours travailler plus longtemps alors que, s'abritant derrière modernisme et informatisation, le progrès nous avait promis/juré un temps le contraire ? D'où cette inflation de gens qui ne produisent plus rien que du vent voire tombent dans l'assistanat...

Arte le 04.10.2022-