La vie d'Adel

Une histoire d'amour saphique entre deux jeunes musulmanes?! Damned, voilà qui avait de quoi intriguer... Malheureusement, au-delà de ce synopsis détonnant, l'audace de "I can't think straight" (2007) est toute relative.

Effectivement, la réalisatrice britannique Shamim Sarif pose un certain nombre de questions généralement taboues, autour du coming-out et de l'Islam, mais on en reste généralement au stade des bonnes intentions, puisque ces questions ne sont guère creusées, et que l'acceptation générale dont finissent par bénéficier les amoureuses dans leurs familles (aisées, instruites, occidentalisées et plutôt ouvertes d'esprit) ne saurait constituer un exemple représentatif de la situation.

"I can't think straight" est donc tout sauf un film radical. Soit. C'est peut-être une étape indispensable, qui préparera le terrain à des projets plus ambitieux.
Ce qui est plus gênant, c'est cette esthétique MTV permanente, qui donne une image glamour et artificielle tout sauf réaliste. On est dans une ambiance de conte de fées moyen-oriental, digne d'une comédie romantique bollywoodienne, où le prince charmant serait simplement devenu charmante.

Ainsi, les scènes d'amour entre les deux actrices principales, pourtant bien jolies, sont-elles tout sauf crédibles, troublantes ou émouvantes, mais plutôt dignes d'un mauvais film érotique du dimanche soir, remplies d'une sensualité factice dégoulinante.
A choisir, je préférais les claques sur les fesses chez Kechiche!

Bon je suis sévère, car le film de Sarif n'est pas dénué de qualités : on note ainsi un humour bienvenu, quelques répliques à teneur "politique" isolées mais cinglantes, et une interprétation globalement satisfaisante.
On admirera aussi la beauté typée des nombreuses actrices d'origine indienne ou moyen-orientale.
En résumé, un petit film moins audacieux qu'il en a l'air, mais pas désagréable pour autant.