Le petit poulain de Saulnier s'envole de ses propres ailes. Cela fait plaisir parce qu'il se débrouille plutôt bien.


L'intrigue est intéressante ; j'aime beaucoup le principe qui sert d'élément déclencheur, à savoir en avoir ras-le-bol du je-m'en-foutisme général (je me suis beaucoup retrouvé dans ce personnage, comme beaucoup d'autres gens j'imagine). Le trouve que le concept n'est pas assez utilisé, surtout dans les conclusions, un petit rappel en bien ou en mal de cette société n'aurait vraiment pas fait de tort ; le truc, c'est que l'intrigue policière prend pas mal le dessus. Mais ça passe parce qu'elle est bien ficelée et en plus portée par un esprit comique fort plaisant. En effet, les auteurs se plaisent à non pas détourner les codes du genre, mais d'en jouer, de mettre le doigt là où habituellement les choses paraissent normales (comme le fait que la police ne foute rien, ne serve à rien). Les personnages sont bien écrits aussi et bien exploités. J'aime beaucoup la manière dont tout ce petit monde se retrouve, c'est assez surprenant mais ça fonctionne assez bien. Ce qu'on peut reprocher plus généralement, c'est d'être un peu foutraque, non pas au niveau de la structure qui se tient bien (on a même une bonne ose de conflits et des résolutions qui collent bien) mais au fait que l'on sent le premier film, l'auteur principal veut mettre plein de choses qui n'ont pas toujours de rapport entre elles. Ça passe et puis c'en devient même parfois la force du film que l'on peut qualifier de rafraîchissant (on dit souvent ça pour les premiers films, justement parce que c'est plus libre, que les maladresses permettent de charmantes digressions).


La mise en scène est maîtrisée : pour un premier film, le réalisateur a su s'entourer d'une bonne équipe. La photographie est plaisante, les cadre sont bien composés, il y a quelques chouettes ambiances. Les décors sont peu exploités au travers du scénario, malheureusement, mais les quelques lieux visités sont mémorables et reconnaissables lorsque l'héroïne y retourne une deuxième fois (grâce à des décors bien personnalisés en fonction des personnages mais aussi grâce à un bon découpage). Le découpage, globalement, est efficace : on voit tout ce qu'il faut voir, et le montage est rythmé même quand les personnages ne font que parler. Les acteurs amènent un plus considérable ; qu'ils soient plus ou moins connus, tous amènent quelque chose en plus au personnage, un côté délirant qui colle bien aux univers narratif et visuel du film. Elijah est très drôle, sobre en plus, il ne tente pas de voler la vedette de l'héroïne (décidément, j'adore le tournant de sa carrière depuis quelques années). Et puis il y a Melanie Lynskey... haa Melanie, quelle est mignonne ! Je la préfère maintenant qu'il y a 10 ans, quand elle avait fondu pour être plus bankable. Je crois qu'un de mes fantasmes seraient de retrouver Melanie Lynskey et Kate Winslet... dans mon lit ! miam ! Et en plus, au-delà de son apparence physique délectable, c'est une très bonne actrice qui n'a pas eu la carrière qu'elle méritait. Bon ce n'est pas non plus la plus époustouflante des actrices, mais elle joue très bien, elle est capable de faire passer des choses avec peu de gestes.


Un petit mot sur la fin : je trouve dommage que les auteurs n'aient pas eu le cran de tuer le side-kick ! Le plan est ajouté pile poil à la fin, d'abord en nous faisant croire que ça pourrait être une apparition, puis en nous confirmant qu'il est bel et bien envie. C'est un gag qui ne marche pas car on est en plein processus de deuil, ça gâche le sentiment que l'on est en train de traverser. En plus rajouté à la fin comme ça, ça donne l'impression que c'est lors d'une projection-test que le public aurait voté pour garder en vie ce personnage, du coup l'équipe aurait ajouté ce plan supplémentaire... ce n'est peut-être pas le cas mais c'est l'impression que ça donne. C'est dommage en tous cas parce que c'était une belle mort, une mort comme on n'en voit pas assez, une mort mémorable qui aurait rendu le personnage encore plus mystique. En le laissant vivre, ben toute l'aura tombe à l'eau d'un coup. Quel gâchis.


Bref, voilà une belle petite surprise. Ç'aurait pu être plus radical sur certains points mais c'est... rafraîchissant !

Fatpooper
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le 23 avr. 2017

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