---Bonjour voyageur égaré. Cette critique fait partie d'une série. Tu es ici au vingt-troisième chapitre. Je tiens à jour l'ordre et l'avancée de cette étrange saga ici :
https://www.senscritique.com/liste/Franky_goes_to_Hollywood/2022160
Si tu n'en a rien a faire et que tu veux juste la critique, tu peux lire, mais certains passages te sembleront obscurs. Je m'en excuse d'avance. Bonne soirée. --


A mon amant,


Superstitieusement, mon premier geste à mon arrivée en ville aura été d’aller te poster mes lettres. Acte peut-être déraisonné car j’aurais pu apprendre quelques instants plus tard en décachetant les tiennes qu’elles n’avaient plus de destinataire. Mais comme je te l’ai écris déjà, tant que je t’écris tu vis, et s’il y a un destin ou une quelconque force occulte, alors j’osais espérer qu’elle prendrait pitié de moi et donnerait un sens à cet acte désespéré. Rongée par la peur, j’ai ensuite ouverte chacune de tes lettres, qui s’était accumulée pendant mon absence dans mon courrier. Très vite mon impatiente est retombée : aucune de ces lettres ne date d’après la bataille. Si tu es encore en vie, la preuve n’est pas dans cette cage à écrits sur laquelle je portais tant d’espoir. J’ai lu chacune de tes lettres tout de même, lentement, en m’imaginant que c’était peut être la dernière fois que je lisais des nouvelles de toi. J’y apprends que mes supplications t’ont déchiré mais je ne m’étonne pas vraiment de te voir obstiné dans tes idées d’honneur et de victoire. Oserais-je t’écrire, cette contradiction qui m’habite et qui me dégoûte ? Malgré toutes mes injonctions, si tu avais renoncé à te battre pour notre cause, j’aurais certainement été déçue. Le savais-tu toi qui me connais mieux que moi même ? Et cette odieuse pensée t’aura-t-elle influencé à marcher sereinement vers ce mortel danger ?


Effondrée et dégoutté de moi-même, je n’ai rien trouvé de mieux à faire que de regarder le film du jour. C’est idiot je sais, regarder un film n’a jamais ressuscité personne… Même quand il traite de Frankenstein. Et tu sais que j’aime les choses finies, alors même si je suis parvenue au bout de ma quête, j’ai décidé d’écrémer les quelques films qui restaient sur ma liste.
C’est drôle cette chronologie, Car 10 ans après Van Helsing Hollywood s’est finalement décidé à revenir vers la créature de Frankenstein. Entre temps, à part Tim Burton qui s’amusait à ressusciter un chien, et encore ce n’était qu’une réadaptation de sa propre création des années 80, néant. Ce n’est pourtant pas une bouderie générale du film de monstre, au contraire, le monde du mauvais film ne s’est jamais aussi bien porté durant cette décennie, à coup de Underworld, Twilight, Abraham Lincoln, Hôtel Transylvanie et j’en passe. Je n’arrive pas non plus à croire que ce soit Van Helsing qui ai tué Frankenstein au cinéma, seul intérêt qu’il était pourtant à ce film. Un autre mystère de plus donc. Et c’est donc avec toute ma bienveillance que I, Frankenstein s’engage, vertueux de déterrer l’éternelle création une nouvelle fois pour le grand écran.
Tu sais ce n’était peut être pas le bon film pour me remettre de ta supposée disparition. Parce que le problème quand on place des espoirs dans une chose, c’est que la déception est d’autant plus grande quand on se rend compte de son erreur. Me rendre compte, j’ai tout de même pris du temps à la faire, tétanisée que j’étais devant cet immense n’importe quoi. Exit le baron Frankenstein, pourtant éponyme, le bougre est tué en cinq minutes d’introduction. Ne reste que sa créature, qui n’a plus de créature que le sobriquet, qu’on lui ôte d’ailleurs tout aussi rapidement : la créature s’appelle maintenant Adam, il est grand, hyper musclé, se ballade de préférence torse nu et n’a plus que quelques cicatrices qui lui donnent plus des airs de bad boy que de morceaux de cadavres rafistolés. Bref, Adam est hyper sexy, et lui tombe d’ailleurs dans les bras une scientifique blonde tout aussi sexy. J’aurais presque pu approuver cette histoire d’amour sil elle n’avait pas clairement été instauré sur le physique des deux protagonistes. Des créatures de Frankenstein amoureuses on en a vu au cinéma, et même des humains amoureux de la créature, c’était presque toujours passionnant, mais quand cet amour naît de la scientifique regardant Adam retirer langoureusement sa chemise, pitié, ça n’a pas de sens, cessez tout de suite d’écorcher la mémoire de Mary Shelley.

Et si je me suis emportée excessivement longtemps sur cette superficielle histoire d’amour, je crois que ce n’était que pour contourner ce qui m’a vraiment fait grincer des dents : tout le reste. Non, pardonne-moi, pardonnez-moi Hollywood, mais sincèrement, cette histoire de gargouilles contre les démons, d’armée des morts créée par la science, de cathédrale repaire des esprits du bien, pitié, pitié, on a déjà vu ça mille fois et en mieux dans d’autres films qui étaient pourtant déjà nuls ! Le scénario essaye de s’inventer des détours faussement complexes, nous laissant au final une impression de vide : on n’a rien compris, mais c’est simplement du au fait que tout n’était que non-sens et inutilités. De même pour les scènes de combat, généreuses en effet spéciaux plus ou moins réussis (mais plutôt moins quand même) mais parfaitement illisible.
Je devine derrière ce drame un producteur ayant cru trouver la recette du succès : une grande guerre menaçant l’humanité, une histoire d’amour, un unique héro pour sauver le monde, des gentils très gentils, des méchants très méchants et des grosses bastons. Le tout se soldant par un échec critique et commercial. Bien fait.


Non, il n’y a pas de recette au succès tout comme il n’y a pas de recette à la vie. Je pourrais regarder encore mille films sur Frankenstein ça ne te ramènera pas à la vie. Mon unique espoir c’est toi-même, ta capacité à survivre à ce combat, ta volonté de continuer à vivre, pour moi, pour ta meute, pour tout ce que tu as construit. J’ai stoppé le film rageusement et j’ai agit. J’ai appelé tous les loups que je connaissaient, j’ai lancé une grande campagne pour savoir ce qu’il était advenu de toi pendant ce combat. Fini de se vouloir aveugle, fini de rêver, fini de se réfugier dans l’ignorance. Je dois savoir. Toute la journée je t’ai cherché, j’ai retracé le déroulé du combat, je t’ai traqué comme on traque une proie, empreinte après empreinte. Je ne t’ai pas trouvé. Tu as tout bonnement disparu. Mais je sais aussi que la dernière fois qu’on t’as vu, tu étais vivant. Je disais que tu me connais mieux que moi-même, sache aussi que je te connais mieux que toi-même. Je sais ou tu es. Je ne sais simplement pas si tu y es mort ou vivant. L’un ou l’autre, je vole vers toi.


J’arriverais près de toi avant ce courrier désormais,
Je brûle de te revoir,
H.

Zalya
3
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Franky goes to Hollywood

Créée

le 30 mai 2019

Critique lue 177 fois

Zalya

Écrit par

Critique lue 177 fois

D'autres avis sur I, Frankenstein

I, Frankenstein
Swzn
1

I, Frankentruc, ou comment chier sur un mythe avec brio.

Ahahah bordel, mais qu'est-ce-que je viens de voir, j'en reviens toujours pas. Je n'ai jamais vu un film atteindre aussi vite le degré zéro ; il réussi avec brio à toucher le point de non-retour dès...

Par

le 31 janv. 2014

43 j'aime

6

I, Frankenstein
Fosca
2

Nous sommes l'Ordre...des Gargouilles !

(Je tiens à préciser en avant-propos que je vais spoiler, ce qui n'est pas vraiment grave, tout le film. Je me le tape en long en large et en travers pour que vous n'ayez pas à le faire. J'attendrai...

le 20 oct. 2015

13 j'aime

2

Du même critique

Whiplash
Zalya
9

Critique de Whiplash par Zalya

Me voila encore une fois obligée de saluer le travail du chef-opérateur, pour sa réflexion sur les cadres, avant le tournage, et le soin apporté à ceux-ci, pendant. Évidemment, bande son formidable,...

le 29 févr. 2016

4 j'aime

Les Ensorceleuses
Zalya
6

Chasse aux Sorcières – Jour 16

--- Bonsoir, voyageur égaré. Te voila arrivé sur une critique un peu particulière: celle-ci s'inscrit dans une étrange série mi-critique, mi-narrative, mi-expérience. Plus précisément, tu es là au...

le 10 nov. 2020

3 j'aime

Les Derniers Jours de Pompéi
Zalya
7

Fast critique

Parlons peu, parlons bien : -Oui, le scénario est ultra-convenu et cousu de fil blanc. -Oui, les acteurs sont catastrophiques et dans le sur-jeu en permanence. -Oui, toutes les autres critiques qu'on...

le 18 janv. 2017

3 j'aime