Dans la catégorie film d’horreur de l’été, voici I Wish – Faites un vœu ! Alors que Annabelle 2 s’apprête à sortir sur les écrans le mois prochain, le réalisateur du premier volet, John R. Leonetti, récidive avec ce nouveau film d’épouvante. Sur le papier, le concept semblait plutôt alléchant : une adolescente découvre une boîte qui lui permet d’accomplir ses vœux les plus chers mais, en contrepartie, ôtera la vie d’une personne innocente.


Un petit budget (à l’instar des productions Blumhouse, en quête d’un profit maximal), un casting populaire visant à toucher les ados, des jumpscares en pagaille (comme dès les premières minutes, où l’héroïne se réveille d’un cauchemar, avec des flashs et une musique extra-forte, quitte à nous faire faire un arrêt cardiaque) pour le public cible… Tous les ingrédients semblaient réunis pour faire de I Wish l’un des films de l’été. Jusqu’à ce qu’on se rappelle qu’en fait, le premier Annabelle, c’était vraiment pas terrible. Et bien surprise : I Wish fait même pire. Sur l’échelle de la honte dans le cinéma d’horreur, on bat même à plate couture le premier Ouija.



13 Reasons Why + Destination Finale + Riverdale + Stranger Things = I Wish



I Wish, c’est un peu comme si Hannah Baker de 13 Reasons Why avait trouvé le moyen ultime de se venger de ses persécuteurs au lieu de mettre fin à ses jours. Seulement, le film de John R. Leonetti s’enfonce à pieds joints dans les clichés de la vie adolescente au lieu de chercher à les dépasser comme dans la série estampillée Netflix. Clare (Joey King, récemment aperçue dans Braquage à l’ancienne) est bien souvent enquiquinée par l’une des filles les plus populaires de son lycée. Parce qu’elle vit seule avec son père, en difficulté financière, on se moque constamment d’elle. Et c’est parti pour les clichés du genre : le groupe de « bullies » dominant (auquel on ajoute le cliché du meilleur ami gay), les batailles sur les réseaux sociaux et de popularité, le « crush » sur le beau gosse du lycée pourtant déjà en couple… Rien de nouveau sous le soleil.


On se demande bien ce que tous ces acteurs sont venus faire dans cette galère. Ryan Philippe, l’idole masculine de jadis, semble ne plus se souvenir de ce qu’il a fait de ses derniers étés, uniquement là pour le chèque. Il est aussi regrettable de voir Shannon Purser, « la Barb de Stranger Things », exister uniquement à travers ce spectre de la bonne copine du personnage principal. Cerise sur le gâteau : alors que tout le monde se demande ce qu’est devenue Audrey Horne dans la troisième saison de Twin Peaks, sachez que son interprète, Sherilyn Fenn, s’est en fait perdue ici à cause de quelques problèmes capillaires.



« Tu es si stupide Clare ! » Oui, c’est clair.



On se demande tout autant comment le scénario de I Wish a pu recevoir le feu vert pour la production tant il est rempli d’incohérences et manque de logique. À partir de là, il est en effet bien difficile de transformer tout cela en un bon film, dont la structure ressemble très fortement à celle d’un Destination Finale, la finesse en moins. Le film n’entretient strictement aucun suspense sur les différentes mises à mort (pas gores pour un sou, version PG-13 – interdiction aux moins de 13 ans – aux États-Unis oblige) ni même sur l’identité des malheureux meurtris. Si un montage alterné tente à un moment donné de faire douter le spectateur de qui sera la prochaine victime en montrant deux personnages au bord de la mort, il suffit de réfléchir deux secondes à l’importance relative de chacun d’entre eux pour savoir qui passera à l’échafaud.


Un scénario aussi stupide que ses personnages, donc, et son héroïne en tête. Les réactions complètement hallucinantes de Clare, insensible à ses décisions alors même qu’elle prend conscience de ses conséquences, prêtent davantage au fou rire : un temps dévastée par la mort d’une personne, l’héroïne fait de nouveau un vœu cinq minutes plus tard sans même se dire qu’elle peut mettre en danger les personnes les plus proches d’elles. Et ce ne sera pas faute d’avoir expliqué les origines de la fameuse boîte (une nouvelle mythologie indispensable pour une suite – scène post générique oblige – ou même un préquel).


La mise en scène de John R. Leonetti et le montage final du film n’améliorent en rien la subtilité pachydermique de l’ensemble : ces jumpscares outranciers, avec bruitages et musique poussés au maximum pour être certain de faire sursauter le public à défaut d’une horreur réelle, donnent l’impression de voir un mauvais film sorti directement en vidéo et tout droit venu des années 90. Quand on vous dit qu’il n’y a rien à sauver…


Conclusion : le seul espoir qu’aurait I Wish, si une suite venait à voir le jour, ce serait de lui attribuer un cinéaste qui sait réellement mettre en scène l’horreur. À l’image du second Ouija, réalisé par Mike Flanagan, qui restaurait l’honneur avec brio…


Critique complète à retrouver sur Silence Moteur Action

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le 19 juil. 2017

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Gabin Fontaine

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