Il suffit de cette scène inaugurale, dans une gare inquiétante, pour comprendre que le film auquel on a affaire sera immense, et ce, de bout en bout.
La séquence d'ouverture, prolongée et construite sur des éléments sonores inhabituels (le vrombissement d'une mouche, le goutte-à-goutte sur un chapeau), captive l'attention du spectateur par son mystère persistant.
Elle culmine finalement avec des coups de feu brefs mais percutants, une signature sonore qui résonnera tout au long du film.
"Il était une fois dans l'Ouest" révèle l'intérêt de Leone pour la capture de l'instant décisif, privilégiant l'émergence du son brutal après de longs silences suggestifs, plutôt que la simple représentation de la violence prolongée.
Ce film, empreint d'une sauvagerie condamnant ses protagonistes à une solitude perpétuelle, suscite l'admiration par son ambition cinématographique.
Chaque scène est conçue comme un spectacle autonome, tout en s'inscrivant dans une perspective plus vaste, transformant cette fresque intime et historique en une progression dramatique d'une intensité remarquable, culminant dans un duel final mémorable et poignant.
Ce chef-d'œuvre, qui entremêle des récits de vengeance dans le contexte de la construction américaine (les chemins de fer) et des amours impossibles, réussit avec une maestria inégalée à alterner le tragique et à y intégrer une dimension comique, résultant de l'inventivité des situations et de la force des dialogues.
L'impact émotionnel de "Il était une fois dans l'Ouest" est indéniable, suscitant à la fois l'hilarité et les larmes, notamment lors de l'arrivée de Claudia Cardinale à la gare, sublimée par sa mélodie poignante, ou encore dans la mise en scène des vastes paysages, clin d'œil évident à John Ford, tout en proposant une approche de genre radicalement novatrice.
Porté par une force lyrique exceptionnelle, le film captive et emporte le spectateur, tel un torrent impétueux, avant de le submerger. Un chef-d'œuvre incontestable !