Le livre d'images, Sun Tzu

Quel est le sens des images que nous voyons ? En ont-elles seulement un, ou ne sont-elles qu’un amoncellement de lumière auquel nous prêtons du sens ? Sont-elles neutres, les images de violence dont nous sommes abreuvés ? Toutes ces questions, et quelques autres, sont traitées, de manière plus ou moins sous-jacente, dans le documentaire dont je parle aujourd’hui, soit 1h16 d’images d’archives de différentes armées, majoritairement américaines et françaises, issues des différentes opérations aériennes, systématiquement enregistrées, portées par une voix qui joue avec le sens des images, les décrivant, parfois en nous trompant pour qu’on comprenne bien de quoi il retourne, à l’image de cette scène de tir sur des terroristes qu’on nous révèle ensuite être des journalistes. L’austérité, la radicalité et la brutalité du dispositif servent assurément un propos fascinant, sur ces images qui «ne sont pas faites pour êtres regardées par le grand public», car celui-ci ne pourrait pas comprendre. On est assurément sur un film qui met en exergue l’aspect malsain de notre rapport l’image, puisqu’on assiste à des scènes de meurtre sans broncher, comme anesthésiés par l’écran, alors même que ce qu’on voit est réel, donnant presque au long-métrage un air de soft-snuff movie. En cela, il n’y aura plus de nuit est un film fascinant, assez terrifiant, qui questionne tout autant la violence de l’armée que le rapport du cinéma à son spectateur, et en cela, il mérite le détour.