Il veut tuer son patron et renverser le capitalisme par Vincent E

Au premier abord, y avait un truc qui me dérangeait avec ce film parce que je m'attendais à un court-métrage sérieux de gauche qui allait parler de capitalisme etc. Finalement, c'est une comédie très taquine vis-à-vis de la figure du militant communiste, quand on voit en plus le casting avec des noms à particule à gogo c'est potentiellement une critique de droite qui reprend le tropisme actuel des médias traditionnels français gentils bourgeois/méchants gauchistes. Néanmoins je sais pas exactement quelles sont les intentions du réalisateur Louis Do Xuan. Je fais le choix de lui laisser le bénéfice du doute parce qu'il y a une vraie poésie qui se dégage de ce film, et il est empreint d'une subtilité qui s'éloigne pas mal quand même de l'esprit BFM TV. En effet, les plans sont beaux malgré a priori un petit budget (je pense, je n'ai pas eu de réponse).

De plus, être de gauche n'empêche pas d'être ouvert d'esprit et d'avoir de l'humour. D'ailleurs, je n'idolâtre pas Karl Marx qui, même s'il n'y a pas de consensus autour de la question, semble avoir tenu des propos racistes dans ses travaux (même si c'est compliqué parce que certains historiens disent que c'est un des penseurs de la structure du racisme systémique).

Le court-métrage peut sembler naïf et apolitique dans l'idée que l'amour et l'entraide résolvent tous les conflits et annulent les classes sociales. Cependant, alors que cette thèse est défendue sérieusement par Fritz Lang dans Metropolis (1927), il s'agit ici d'une boutade (comme indiqué dans les commentaires). Donc pourquoi pas, c'est beaucoup moins dérangeant que chez Fritz Lang, qui a des idées politiques dangereuses (cf ses actions par la suite sous le nazisme) et qui d'ailleurs a finalement renié Metropolis en disant que c'était nul parce qu'en réalité c'est sa femme qui avait écrit le scénario. La classe.

Autre élément, peut-être dû au manque de budget, mais que j'adore parce que c'est du cinéma du réel, qui retranscrit la matérialité de la vie: c'est je crois la 1ère fois au cinéma que dans une scène d'intérieur on entend le plancher qui craque lorsque les personnages marchent. La scène de la vaisselle est d'ailleurs très sympa.

J'aime aussi beaucoup le jardinier au début qui voit le personnage principal arriver, sans que celui-ci s'en rende compte.