Très curieux mélodrame qui mélange, avec un premier degré déconcertant, certains clichés parmi les plus éculés du genre tout en offrant une approche contestataire de la société américaine, critiquant sa pudibonderie et prônant une sexualité libertaire au travers deux générations.


On a ainsi une vision assez sincère, touchante et finalement originale du divorce, du remariage, de la difficulté de recomposer une famille, de s'affranchir de d'une société réactionnaires...
En gros tout les scènes entre Dorothy McGuire et Richard Egan sont dans l'ensemble très réussies, écrites avec tact, pudeur et sensibilité tandis que celles mettant en scène leur enfants se montrent plus dommageables et mièvre, surtout handicapé par des comédiens fades, transparents et qui ne parviennent pas à enrichir leurs personnages.
Du coup, le film fonctionne épisodiquement. Il y a moment où les stéréotypes, les révélations, les comportements se devinent à plusieurs kilomètres et d'autres qui surprennent par leur maturité, leur virulence, leur absence de jugement (condamnation) morale. On voit très rapidement de quel côté balance le cœur du cinéaste qui offre un stupéfiant règlement de compte au sein du couple de nouveau riche où le mari déverse son mépris envers son épouse raciste, condescendante et frigide. A l'inverse, il a une tendresse infinie pour ces anciens amants qui doivent se cacher pour connaître enfin un certain épanouissement sexuel, alors que tout le monde les condamne, à commencer par leur enfants qui reproduiront pourtant les mêmes actes (ils passeront leur première nuit dans le même genre de cabanon). On trouve là une approche que n'aurait pas renié les Douglas Sirk de la même époque.


Vu le lyrisme de certains séquences et l'élégance de plusieurs mouvements de caméra, je pense que Delmer Daves a vraiment tout fait pour sauver et étoffer un roman insipide. C'est tout à son honneur même s'il n'a pas pu complétement subvertir son matériel.
En tout cas, contrairement à sa sélection dans le cycle "Hollywood décadent" à la cinémathèque, je trouve que le film n'a rien de vraiment décadent puisque son cinéaste/scénariste/producteur fait tout justement pour éviter cette décadence. Même le personnage du mari alcoolique possède plusieurs scènes dignes et émouvantes.

anthonyplu
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le 3 févr. 2017

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