Les math, c'est compliqué, et les rendre accessibles au commun de l'humanité dans un film de vulgarisation est un problème (de math) sur lequel bien des réalisateurs se sont cassé les dents. On peut en effet essayer d'expliquer les choses, au risque de perdre son public. On peut aussi donner une lecture une peu vulgarisée ou imagée du processus. On peut également montrer le scientifique user sa craie sur un tableau noir avec une musique en fonds sonore pour donner à la scène un peu de profondeur. On peut aussi tout simplement bannir les math du film et concentrer l'action sur les à-côté. Mais en procédant ainsi, on risque de sacrifier le propos du film au profit de son intelligibilité.
Pas facile.
C'est cette quatrième voix qu'emprunte imitation game, biopic partant du sujet passionnant des recherches entamées dès 1939 par les anglais pour casser le code enigma.
Le problème du film c'est que ce pitch n'est que le prétexte et que le propos s'oriente insidieusement sur les orientations sexuelles de son personnage central et finit par devenir un film sur la condition homosexuelle en Angleterre plutôt qu'un film sur l'équipe qui a déchiffré l'enigma.
Imitation Game choisit de ne pas vraiment entrer dans le détail de la cryptographie. Il confirme que l'équipe de choc montée par le MI-6 est la crème de la crème du déchiffrage, puis montre que les efforts de ces cerveaux sont vains, ce qui les amène à porter tous leurs espoirs dans un proto-supercalculateur qui est lui-même incapable de trouver la séquence jusqu'à ce qu'une fille rencontrée dans un bar donne la solution qui permet de résoudre le problème.
Et comme on ne parle pas trop du volet scientifique, le film s'égare sur le volet homosexualité. Sauf qu'à vouloir raconter deux histoires, il n'en raconte finalement aucune et ces choix sont faits au détriment de la psychologie des personnages et de leurs motivations. Des tonnes de raccourcis sont pris et le film omet des choses qui lui auraient donné de la cohérence et de la profondeur : plus creuser les relations interpersonnelles entre les différents membres de cette équipe qui finit unie comme les doigts de la main alors qu'elle détestait cordialement son patron au début et qu'il suffit manifestement que ce dernier leur offre une pomme et leur raconte une blague potache pour faire changer les choses.
Le spectacle n'est pas désagréable, mais il est un peu vain.