Comment ne pas souffrir devant ce film qui nous dépeint un amour impossible dans le Hong-Kong des années 60, entre deux personnes trahis par leur conjoint respectif.
La solitude qui s’installe peu à peu, la découverte de l’infidélité de l’autre, la souffrance… Puis le rapprochement de deux âmes blessées, parlant le même langage : celui du corps, du regard, de l’effleurement...
En raison de leur époque et de leurs idéaux (« nous ne serons jamais comme eux… ») qui ne leur permettent pas de vivre leur histoire pleinement, ils se contenteront de la présence de l’autre, dans une sensualité étonnante, où l’amour transpire à chaque plan et dont la musique nous transporte au plus profond de leur cœur et de leurs désirs refoulés. Un effleurement, un regard suffissent à nous faire comprendre l’intensité de leurs sentiments.
Il finira par partir, comprenant qu’elle ne quittera jamais son mari malgré l’adultère de ce dernier, et n’assumant pas, à mon sens, le poids si lourd de ce secret (« Autrefois quand les gens avaient un secret et qu'ils voulaient le préserver, ils allaient dans la montagne, creusaient un trou dans un arbre et ils racontaient leur secret. Puis ils bouchaient le trou avec de la terre et scellaient le secret à jamais... »).
La scène la plus représentative de leur histoire : le dernier appel téléphonique, sentir la présence de l’autre sans avoir à dire un mot, là est toute la puissance de leur histoire.
La pluie, très présente dans ce film, renforce également ce sentiment de tristesse, de mélancolie du drame qui se joue devant nos yeux. Comme le suggère l'affiche du film (qui laisse apparaitre en ombre des barreaux comme ceux d'une prison), on comprendra qu'ils sont prisonniers de leur amour. La scène où ils mettent en scène la répétition de leurs adieux (d'où est tirée l'affiche) est visuellement magnifique et l'émotion est à son apogée.