Alessandra Lacorazza Samudio explore avec son premier long-métrage les relations père-filles sous la complexité de la séparation, de l'éloignement et de l'inévitable passage du temps. Eva et Violeta vivent en Californie et passent l'été chez leur père au Nouveau-Mexique. Le film est ainsi divisé en quatre tableaux et quatre époques où l'on voit les filles revenir voir leur père.
Ne se voyant qu'une fois par an (et encore) ils doivent en permanence s'apprivoiser et se (re)connaître. Leurs rapports doivent également en permanence se reconfigurer d'une part en raison de l'alcoolisme du père et d'autre part par l'évolution des jeunes filles en jeunes en femmes. Vicente a effectivement plus de facilité à s'occuper de Violeta et Eva quand elles sont encore jeunes et qu'il est encore sur un piédestal. Leur relation se détériorent progressivement, à mesure de l'éloignement, des non-dits, de l'addiction… pourtant les deux jeunes femmes reviennent, comme si elle cherchait encore à maintenir ce lien de plus en plus ténu.
La réalisatrice aborde de nombreux thèmes liés à la relation filiale, à l'épanouissement individuel et à l'émancipation. Cependant je trouve qu’à partir de la fin du deuxième tableau, la relation entre le trio n’évolue plus, figée par la distance et les non-dits. Le film semble alors plutôt se répéter et faire du surplace. Dommage, car on observe également la recherche esthétique poussée par la réalisatrice, tant le travail du décor et de la lumière que cet essai visuel quasiment ritualiste sur la famille à travers les objets qui jalonnent leurs expériences et qui vont composer les introductions de chapitre. Dommage aussi, car en début du film Residente qui incarne le père offre un grand potentiel de jeu et de sensibilité qui seront progressivement affadis. Idem pour les différentes interprètes des filles, au développement et rôles trop en retenue.