Le film s’ouvre sur une simplicité désarmante : deux femmes, un bar, un atelier, une demande en apparence banale : l’une pose pour que l’autre la peigne. Rien d’extraordinaire, mais déjà quelque chose circule. Le cadre laisse respirer le silence, les corps se répondent dans une retenue fragile. On croit alors assister à l’éclosion d’une relation, pas encore définie, pas encore nommée, mais dont la matière première (un mélange de curiosité et de discrétion) semble assez riche pour nourrir tout un film.
Mais très vite, la mise en scène abandonne cette voie exigeante pour suivre le chemin le plus attendu. La relation, qui aurait pu rester dans l’incertain, le trouble, l’inachevé, bascule dans une trajectoire convenue. Les gestes cessent d’inventer, les images ne surprennent plus : on n’assiste pas à une évolution mais à une capitulation vers le cliché. Là où le cinéma aurait pu creuser l’ambiguïté, explorer les silences ou travailler la retenue, il se contente d’illustrer ce que l’on devine déjà.
Ce manque d’audace devient d’autant plus frustrant qu’il déserte les conséquences. Les événements adviennent, mais les personnages semblent à peine affectés. On ne lit ni la trace ni la brûlure de ce qu’ils traversent. Le film effleure au lieu de fouiller, constate au lieu d’interroger.
Reste alors le sentiment d’un rendez-vous manqué. Si l’on choisit de raconter une histoire déjà vue mille fois, il faut au minimum la réinventer. Sinon l’intensité promise dans les premiers instants s’évapore.