Real life doesn't fit into little boxes that were drawn for it.

Ça faisait un moment que j’avais vu ce film et j’ai pourtant été surpris. Il fait parti de ces très rares films dont je me souvenais globalement de l’histoire (et puis bon, le twist final reste un des plus marquants), et qui pourtant, ont une atmosphère complètement différente. Alors c’est vrai, une fois qu’on le connaît, le twist final tombe un peu à plat et n’apporte pas de révélation ; mais il fonctionne encore dans l’intrigue générale du film. Peut-être pas autant qu’avec L’Empire contre-attaque (mais suis-je objectif à ce sujet ?), mais ça fonctionne. La dynamique entre Glass et David prend un tout autre sens, une toute autre signification, et son comportement devient même plus déstabilisant. Après, au-delà de ça, le film fonctionne toujours autant.


Ça ne m’avait pas tant marqué que ça lorsque je l’avais vu étant gamin, mais c’est vrai que c’est plus un film sur les comicbooks, leur structure, leur signification, qu’un film de comicbooks. Ce qui donne un ressenti étrange par rapport au film lui-même, mais pas déplaisant. Le fait qu’il utilise les mêmes codes et qu’il en a conscience lui donne un petit air méta, mais c’est surtout que cela l’affranchit de certaines limites et de pouvoir se focaliser sur le drame lui-même, l’énigme autour de la survie de David. Ce qui est intéressant en soit, parce qu’en déconstruisant le mythe du comicbooks, Shyamalan peut ainsi construire sa propre mythologie. Il n’est pas le premier à tenter cette idée, mais il est l’un de ceux qui y réussit le mieux : 8 ans avant The Dark Knight, il dépeint un univers réaliste dans lequel évolue des personnages extraordinaires.


En revanche, et là c’est un peu dommage, c’est qu’on prend vite conscience que le film s’attarde presque trop sur le duel entre David et Elijah : mis à part Joseph, qui a un rôle intrinsèque dans l’évolution du personnage de David et renvoie à certaines thématiques chère à Shyamalan (la relation père/fils), les autres personnages secondaires sont absents. Ou disons plutôt qu’ils sont obscurcis par une sorte de voile démarquant leur monde réaliste et celui extraordinaire de David et Elijah. C’est un peu dommage, parce que du coup ces personnages (Audrey en tête) n’apportent pas vraiment grand-chose au film, voire le plombent un peu (le passage où Joseph prévient ses amis qu’il ne vient pas jouer et qu’ils s’en foutent royalement). C’est un mélange de maladresse d’écriture et de mise en scène.


Au-delà de ça, le casting reste plutôt efficace. Bruce Willis reste dans un registre proche de ce qu’il avait dans Sixième Sens, et s’il n’est pas aussi charismatique, il est tout aussi efficace. Il réussit à faire ressortir cette douce mélancolie, cette nostalgie, dans le personnage. Spencer Treat Clark est correct, sans plus, et le reste du casting sera plutôt transparent. En revanche, énorme coup de cœur pour Samuel L. Jackson qui incarne à merveille son personnage d’Elijah. Sa prestation est totale, que ce soit dans la fragilité, la vulnérabilité, la froideur ou le charisme de son personnage. Il bouffe chaque scène, ou presque.


Techniquement, le film est efficace et reste dans la lignée de ce que Shyamalan produit. La musique de James Newton Howard est correcte, bien que discrète, venant non pas renforcer l’ambiance du film mais plutôt l’accompagner. Les décors et cascades seront là aussi correct sans rien d’extraordinaire, et la mise en scène s’agrémentera de quelques idées sympathiques. Là aussi, on est plus dans un drame que dans un film de super-héros, et pourtant on peut ressentir ce côté épique.


Bref, Incassable est un film extrêmement intéressant de par sa structure et sa construction, s’avérant ainsi très efficace dans son sujet. Certes il y a quelques faiblesses, mais le film revêt d’une certaine douceur par moment que ça en devient touchant.

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le 19 janv. 2019

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vive_le_ciné

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