Incassable par Ni Mon

Incassable est un film à la fois fascinant et enivrant. Toujours aussi maître de la situation, Shyamalan fait preuve d'un talent inouï pour trouver de nouvelles mises en scène. Misant cette fois sur la mythologie du comics, il en profite pour réhausser le ton du film pour ne pas lui donner des allures de films à cascade, genre auquel M.Willis est pourtant bien habitué. Ainsi, c'est autour d'interrogations essentielles qu'il construit son film: nous connaissons-nous nous-mêmes?Doit-on forcément utiliser un talent qui nous est propre si cela peut servir l'intérêt général? Sommes-nous dans la normalité si nous avons quelque chose de spécial? En fait, s'il s'agit dans un premier temps de s'apercevoir du pouvoir du personnage de Bruce Willis, on est ensuite irrémédiablement attiré par ces questions, et l'on ne peut profiter entièrement du film si on ne les creuse pas. Ici, le personnage principal tente de répondre à ces questions pour finalement se rendre compte, à l'occasion du twist final, que ce destin a été provoqué, et qu'il n'est maître de rien.

Avec ce film, Shyamalan introduit son obsession pour le déterminisme, tant visuelle que scénaristique. Avec ce film, il provoque une division entre ses fans. Avec ce film, il commence réellement à avoir une personnalité propre: celle d'un cinéaste qu'on aime ou qu'on n'aime pas, mais qui assume totalement ses choix et ses croyances et qui ne s'embarasse pas de concessions, montrant sans relâche son goût pour le travail bien fait, pour les plans très étudiés et inventifs.