Me voilà bien embêté après avoir vu ce dernier film de tonton Emmerich, car j’avais voulu y croire. Pas que ça serait un bon film, faut pas pousser, mais qu’il avait compris la nécessité d’aborder cette suite avec beaucoup de second degré et de recul. Si je m’étais sévèrement ennuyé devant 2012 une fois passée son introduction apocalyptiquement débile, son White House Down était bien plus fendard. Flirter avec le nanar, assumer l’absurdité des situations et le patriotisme bien bas du front, il n’y avait pas mieux à faire pour sauver un minimum ce sous-sous-Die Hard.


Sur le blog, avec les images qui vont bien


   En découvrant la bande-annonce de Resurgence, il me semblait que tout cela était acquis, entre surenchère grotesque et punchlines ridicules. Promis-juré, j’allais voir le film dans un état d’esprit aussi bienveillant que possible, histoire de se marrer grassement en profitant de la carte illimitée, activité saine s’il en est. Autant le dire d’emblée, cette suite a seulement deux qualités par rapport à l’original, qui sont de ne durer que deux heures (encore heureux) et de rediriger le patriotisme américain pompeux vers un universalisme de pacotille. Sur deux heures, on pourrait s’attendre à un démarrage en trombe, mais non, prenons bien le temps de réintroduire TOUS les personnages de l’original (et quand je dis tous, c’est tous), en plus de présenter un contingent de nouveaux. Il faut donc supporter pas loin de 45 minutes de scènes qui ne mènent à rien d’intéressant à part réunir ces personnages et multiplier les références bien lourdes, avec des acteurs aussi bons que Jeff Goldblum et Charlotte Gainsbourg ne sachant clairement pas ce qu’ils font là (à part toucher un bon gros chèque entre deux films de meilleure qualité).
On retrouvera la femme de Hiller (Will Smith) pour l’émotion, le père de Levinson (Goldblum) pour l’humour, dont on se serait largement passé, le docteur un peu fou aux longs cheveux blancs pour les élucubrations scientifiques, et j’en passe… Tout spectateur normalement constitué se dit qu’après avoir supporté ces longs tunnels de dialogues d’exposition, ça va quand même un peu défourailler dans les chaumières. Que nenni ! J’exagère à peine en disant que toutes les scènes de destruction un tant soit peu originales étaient spoilées dans la BA, et de toute façon ça se résume à de la bouillie numérique scintillante pas épique pour deux sous. Et ne vous attendez pas à grand-chose d’autre, le vaisseau géant se pose pendant dix minutes, puis c’est fini, vous pouvez vous rendormir.
Mais alors, il reste quoi dans ce film ? C’est simple, un remake éhonté du premier, avec succession d’échecs pour rentrer dans le vaisseau, la découverte d’une faille, les nouveaux héros sans charisme qui entrent et font tout pour péter la gueule aux aliens. Le tout en repompant allègrement Alien (la saga), Godzilla et autres films de monstres, en saupoudrant de quelques batailles aériennes pas loin d’être correctement mises en scène (mais bien moches esthétiquement), mais cruellement dénuées d’enjeux et de tension. Quand il est impossible de s’attacher aux personnages et que le danger est un truc aussi perché qu’arrêter les aliens à quelques mètres près de forer le noyau de la Terre (quitte à se faire sauter avec ?), difficile d’être impliqué dans la course contre la montre finale.
On s’accroche quand même aux vannes foireuses qui désamorcent toute tension (une constante dans les blockbusters récents), on s’étonne du nombre de personnages « importants » qui y passent, on se marre devant les discours de motivation à deux balles et le ridicule général des situations, on supporte la 3D convertie à la truelle, et finalement on est bien content de ne pas avoir payé plein pot pour ça (dans mon cas, sinon n’y allez pas). Que dire de plus ? Il n’y avait aucun plaisir pervers pour ma part à voir Emmerich tomber au niveau des blockbusters actuels, surtout avec un film qui n’assume pas assez son second degré ni son sérieux. L’ultime affront restant de nous imposer un cliffhanger de mauvaise série télé promettant une suite un chouia plus prometteuse, mais qu’il aurait été bon de mettre en place dès ce film-là. En l’état, ça donne surtout envie de soupirer devant tant d’opportunisme et de passer son tour.
blazcowicz
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le 4 août 2016

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blazcowicz

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