Un petit docu sur arte, je me doute que ça ne va pas casser trois pattes à un canard, mais je ne dis pas non à un petit shoot de nostalgie et à quelques archives bien senties, et à ce niveau-là ça fait plutôt le taff. Surtout le passage où Spielberg (au regard toujours un peu malicieux) balance un bon vieux troll sur Bergman.


Mais à un moment donné j'ai commencé à bégayer chinois quand la voix-off du docu se met à nous parler féminisme et misogynie de ce bon vieil Indiana, et là faut arrêter le délire.


Cette grille de lecture préfabriquée qui sent le carton-pâte est complètement hors-sujet.
D'abord Indiana Jones joue avec des codes, c'est jamais un film à prendre au 1er degré, mais qu'ont fumé ces gens ?


Et pire encore, au-delà des serials et des films d'aventure, et ce dont le docu ne parle absolument pas, Indiana joue beaucoup avec les codes des grandes screwball comedy des années 30 de Lubitsch ou de Capra.


Pour moi, l'influence est évidente, tu regardes New York-Miami, tous les principes sont posés, un homme et une femme s'en mettent plein la tronche tout du long, et évidemment ils vont finir par tomber amoureux.


La grande qualité du genre c'est qu'on n'est pas dans de l'eau de rose lénifiante (et quelque part ça traduit très bien le jeu de répulsion/attraction qui peut se nouer dans un rapport homme/femme), cela donne une dynamique aux personnages, et au récit, et ça créé un rapport de force entre l'homme et la femme qui est beaucoup plus équilibré que dans le mélo.


C'est justement dans les screwball que les femmes ont le plus de caractère, de personnalité, de vie, elles s'opposent, elle ne s'en laissent pas conter, défendent leur point de vue avec détermination, ont de gros défauts (quel être humain n'en a pas ?), bref elles existent pleinement.


Dans Indiana Jones, les personnages féminins sont très valorisés et marquants (et évidemment le personnage de Marion en tête à la fois magnifique et complexe, mais également celui de Willie - Kate Capshaw qui a de très belles scènes de quiproquos romantiques dans le deuxième, notamment lors de l'arrivée au palais; ou encore la proposition étonnante d'Alison Doody en nazie infiltrée et sa scène de domination sexuelle sur le pauvre Indy, qui m'avait marqué).


Et dans le docu, on chiale parce que bon des fois les nanas sont des flipettes, et ne sont pas badass comme Lara Croft (et pourquoi pas Captain Marvel, tant qu'on y est?)- Mais ce qu'on ne dit pas c'est qu'Indy est au même niveau puisque lui aussi est une flipette, il a la phobie des serpents et ça donne lieu à certaines des scènes les plus marrantes de la saga, il est au même niveau que les femmes, voire pire !


En gros on nous vend un féminisme triste où les femmes ne sont tout simplement plus humaines, y a plus de chair, elles sont infaillibles, ce sont des terminator. Le contresens est total.


Ce qui fait la force d'identification d'Indiana Jones, c'est que les personnages principaux sont des êtres humains qui ont autant de failles que de qualités, et qu'ils ne sont pas strictement cantonnés aux rôles qui leur sont assignés, et que régulièrement ils débordent de leur cadre pour surprendre, faire rire, émouvoir. Bref, la force du cinéma quoi.

KingRabbit
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le 13 mai 2021

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