Ce second opus de la saga est assurément celui qui a fait couler le plus d’encre. Surfant sur le succès du premier, Steven Spielberg et Harrison Ford déclarèrent même très rapidement après sa sortie qu’ils s’étaient sûrement précipités pour lancer cette suite. Pointé du doigt pour sa noirceur et son histoire plus simpliste, le film a dû attendre quelques années pour être estimé à sa juste valeur. S’il a pu décevoir les fans pour s’apparenter à un préquel en évacuant les nazis et en se détournant d’une quête complexe pour retrouver un trésor, Indiana Jones et la temple maudit est pourtant un parfait pas de côté pour explorer d’autres espaces géographiques et d’autres aspects de la personnalité de son héros. Cynique, volontiers misogyne, Indiana Jones se voit ici affubler de différents traits proches de Han Solo et cela lui va comme un gant. Loin du personnage de Marion Ravenwood, indépendante et téméraire, celui de Willie Scott est l’incarnation même de la potiche qui passe le film à hurler tandis que l’intrépide Demi-Lune (largement inspiré de Tchang chez Tintin) apporte une touche de fraîcheur. Ces deux personnages seront les moteurs principaux des ressorts comiques du film, une nécessité pour contrebalancer la noirceur de l’ensemble (l’intérieur du temple, les enfants exploités et battus, l’image du feu qui ne cesse d’évoquer l’enfer, etc.).

La grande idée du film est d’avoir proposé un récit qui se joue d’une traite. Cette aventure d’Indy est un accident de parcours et ne résulte pas des démarches de l’archéologue comme dans les autres opus. Il se retrouve, comme ses acolytes, là par hasard et va se lancer corps et âmes dans la quête de ce mystère. Après l’incroyable ouverture du film (la meilleure de la saga avec celle du premier opus), les personnages se retrouvent pris dans un engrenage qui fait avancer le récit à un rythme totalement dingue. La qualité de ce rythme est assurément une des clés de la réussite de cette suite qui est un modèle d’écriture. Pas d’action à tout-va mais un enchaînement intelligent de péripéties qui entraînent le spectateur dans cette folle aventure. Franchement sombre, évoquant le cauchemar auquel fait sans référence Willie, l’ambiance est remarquable avec des décors dantesques et des scènes terriblement marquantes (toute la séquence autour du gouffre de feu avec ses lumières rougeâtres et orangées, le cœur arraché, Indy sous hypnose qui frappe Demi-Lune).


La qualité des scènes d’action et des morceaux de bravoure du film font le reste. De la chute en canoë depuis la carlingue d’un avion sans pilote à la course-poursuite en charriot en passant par le pont suspendu, le film enchaîne les séquences d’action cartoonesques avec une folle virtuosité qui font peut-être de cet épisode le plus proche du serial. Le résultat est quasiment sans fausses notes, même s’il n’atteint pas l’excellence du premier, et assure un spectacle d’excellente qualité, et force est de constater qu'il gagne toujours plus de galons à chacun de ses revisionnages. C’est avec ce deuxième épisode qu’Indiana Jones est devenu un véritable mythe cinématographique sur lequel se reposeront plus paresseusement ses deux dernières aventures.


Play-It-Again-Seb
9

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le 1 sept. 2023

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PIAS

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