Sauf s’il est composé de requins, rejoindre un gang est toujours imprudent. Fêtarde contrairement à sa sœur Sarita, Bea a fini par fricoter avec un membre du gang du Barrio. Lorsque cette dernière est portée disparue après une soirée en discothèque avec le criminel, Sarita décide d’intégrer les rangs de l’organisation pour la retrouver, quitte à accepter sa violence et ses dangers. Alors que la plongée dans l’univers des gangs guatémaltèques - parmi les plus violents au monde - s’annonçait comme un examen singulier des méthodes claniques et impitoyables de ces groupes armés, le film glisse malheureusement dans l’inconfortable entre-deux du thriller et du film social. La succession de décors impersonnels et de personnages brouillons, qu’une absence totale de rythme et de tension contribue à désincarner continuellement, désamorce les enjeux de violence et de coercition que le parcours de la jeune femme doit souligner. Vidé de sa substance narrative, le film ne parvient plus à dérouler son analyse des conditions socio-économique du pays et fait de ses scènes de brutalité de troublants instants de non-paroxysme. Les Infiltrés de Scorsese avaient au moins le mérite d’avoir une bande originale énergique.