Quand je me suis lancé dans Infinite, je ne savais ni de quoi ça parlait, ni même d’où ça sortait. J’ai juste vu sur la fiche Mark Wahlberg, et j’aime bien cet acteur. Puis j’ai vu après coup que c’était réalisé par Antoine Fuqua, connu pour des films tels que Training Day, Shooter : Tireur d’Élite, Equalizer ou encore Les Sept Mercenaires, pas forcément un manche sans pour autant être le réalisateur du siècle. J’apprends également que le film n’a pas eu droit à une sortie cinéma, Covid oblige, mais qu’il a fait partie du catalogue de Paramount+, la plateforme de streaming de la Paramount, voyant l’occasion ici de gonfler son catalogue avec un petit blockbuster des familles. Eh bien autant vous le dire tout de suite, ce n’est pas avec des films tels que ce Infinite qu’ils vont attirer du monde parce que ce n’était clairement pas bon.


Adapté du roman de 2009 The Reincarnationist Papers de D. Eric Maikranz, dont les droits d’adaptation ont été achetés par la Paramount en 2017 pour un projet lancé en 2019, Infinite est un film d’action et de science-fiction à grosse inspiration matrixienne. C’est surtout un film qu’on a déjà vu maintes fois car le scénario est calqué sur bon nombre de films avec des immortels, des vampires ou toutes autres sociétés secrètes qui vont se faire la guerre car ils ont un point de vue différent sur leur existence. Bien que l’idée de départ, la réincarnation et le souvenir de ses vies antérieures, soit plutôt intéressante, la façon dont elle est traitée et exécutée dans Infinite est loin, très loin même d’être satisfaisante. Le film rate à peu près tout ce qu’il entreprend. Pourtant, il démarrait bien avec cette course poursuite véhiculée en guise d’introduction qui déménageait pas mal, avec de vrais carambolages, une vraie sensation de pneus qui crissent et de vitesse, où les CGI ne sont là que pour améliorer des prises de vue réelles. Et puis, patatras, lorsque le personnage de Mark Wahlberg entre en jeu, le film se prend les pieds dans le tapis modèle géant. Déjà, le choix de l’acteur pour incarner le héros. J’aime bien Wahlberg, mais là, il a l’air complètement désintéressé par ce qu’il fait, comme si d’entrée de jeu il ne croyait pas au projet. C’est dommage car Chiwetel Ejiofor (12 Years a Slave) s’en sort très bien dans le rôle du grand méchant de l’histoire. L’univers de Infinite pourrait être intéressant, mais il n’est jamais assez développé. On passe de scène en scène, de péripétie en péripétie bien trop vite, comme s’il manquait des « entre-deux ». Soit il manque clairement des choses, soit le film a été pensé comme un premier volet d’une saga, avec l’espoir que d’autres voient le jour et continuent de développer l’univers. Mais en l’état, il y a beaucoup trop d’interrogations. Les origines de Bathurst (le grand méchant) ne sont pas compréhensibles. D’où vient son argent ? Où sont les autres nihilistes ? On nous présente les gentils tels que Garrick dans son fauteuil roulant (Comme le professeur Xavier ?) qui guide l’équipe composée entre autres du grand barbu Kovic et de la très qualifiée Nora, mais on ne nous dit strictement rien sur eux, rien de rien. C’est comme ça tout le long, avec plein de questions sans réponse car Infinite n’explore jamais réellement le concept de la réincarnation.


Très rapidement aussi, on se demande si les scénaristes ne nous prennent pas un peu pour des cons. Le grand méchant Bathurst en a marre de se réincarner et aimerait que tout cela s’arrête et trouve comme solution de se la jouer pire que Thanos, exterminer tout être vivant sur Terre. Plus d’être vivant, plus de réincarnation possible. Mais pourquoi ne pas utiliser sur lui une des balles qu’il a créées lui-même et qui permettent d’enfermer l’âme de quelqu’un sur une puce électronique afin qu’il arrête de se réincarner ? Il a déjà la technologie mais il est trop con pour l’utiliser sur lui ? Et puis pourquoi les gentils Infinis essaient de savoir où est « l’œuf » afin de le cacher ? Étant donné que le méchant ne sait pas non plus où il se trouve, il ne peut pas mettre son plan à exécution et donc ils ne risquent rien… Oui, ce film nous prend vraiment pour des cons. C’est dommage car si le scénario avait été exploité sous un angle différent, s’il avait passé par exemple plus de temps sur les « vies passées » des protagonistes plutôt que sur le présent, on aurait pu avoir quelque chose qui pencherait plus sur la saga Assassin’s Creed, avec différentes périodes de l’histoire explorées, et peut-être un film un peu plus intéressant. On a vraiment cette impression de gâchis. On pourra se consoler avec les scènes d’action, nombreuses, très généreuses, ayant parfois un côté jouissif car bien over the top dans le genre « toujours plus gros ». Elles ont un côté très régressif avec des moments bien WTF qui défient les lois de la physique (même pour un film de SF). Combats, gunfights, affrontements au sabre, explosions, courses poursuites, certaines déménagent pas mal mais le montage les rend parfois illisibles, sans parler de l’abus d’effets de styles qui ne marchent pas à tous les coups. Dommage, au niveau de la mise en scène, ça tient plutôt bien la route. C’est rythmé, les CGI sont plutôt pas mal, et c’est visuellement soigné, avec une photographie à la hauteur et de jolis décors. Mais ce n’est pas suffisant pour en faire un bon film, ni même un film juste divertissant. Infinite n’est pas bon, il se regarde tout au plus pour faire passer le temps si vous n’avez rien d’autre à vous mettre sous la dent.


Infinite est un blockbuster d’action plat. Passé sa scène d’introduction réussie, il ne semble pas savoir quoi faire de son postulat de départ et s’empêtre dans une série d’incohérences et de trous scénaristiques. Un des pires films d’Antoine Fuqua.


Critique originale avec images et anecdotes : DarkSideReviews.com

cherycok
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le 4 oct. 2021

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