Empire likes back
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Pour essayer de quand même comprendre l’objectif du film, essayer de dégager un semblant de trame, de structure principale j’ai décidé de re-visionner, à la fin du film, la conversation de la vielle dame avec Nicki. C’est la première des nombreuses portes du récit que Lynch nous propose d’ouvrir pour sombrer dans l’univers cauchemardesque de Laura Dern, dans une cacophonie visuelle et sonore sans précédent. C’est aussi la porte de sortie ; quelques minutes avant le générique de fin, le plan revient sur nos deux protagonistes.
On comprend alors qu’on ne les avait jamais vraiment quitté.
Je pense qu’il est inutile d’essayer de déceler tous les indices du film dès le premier visionnage. Je ne suis même pas sûr que Lynch nous donne réellement toutes les clés pour comprendre : ce n’est pas son objectif.
La vieille dame parle, dans la première scène d’une petite fille, qui a dû emprunter la ruelle derrière la place du marché pour découvrir le monde (reel).
Ainsi, pour que Nicki puisse revenir à sa réalité (son univers idyllique dans sa demeure cossue), elle devra emprunter sa ruelle sombre, s’enfoncer dans les ténèbres, la décrépitude et la folie la plus totale, pour vaincre ses peurs.
Sa peur de ne plus être désirée des hommes.
Sa peur ne plus briller de mille feux sous les projecteurs d’Hollywood.
Sa peur d’être moquée, ringardisée, prise pour une idiote.
Inland Empire, c’est le monde semi-réel dans lequel se nichent toutes les peurs de Nicki. Cette dernière se balade pendant trois heures dans un espace infini d’horreurs, de situations effrayantes pour la mettre devant ce qu’elle craint le plus.
C’est le monde qu’elle devra explorer dans le moindre recoin, jusqu’au dernier pantin maléfique, jusqu’au dernier coin de salon miteux, pour reprendre le cours de sa vie.
Dans ce film, Lynch questionne la stabilité de nos acquis matériaux et sociaux. Il se demande jusqu’où ces éléments peuvent nous servir, être fiables, et s’ils nous permettent une stabilité mentale.
Dans ce film, Lynch met en lumière les démons enfouis au plus profond de nos âmes en apparence si tranquilles.
En poussant Laura Dern dans ses derniers retranchement, il signe une (dernière ?) œuvre alambiquée mais complète, éparpillée mais saisissante.
Jamais le cauchemar n’aura été aussi violent.
Créée
le 30 nov. 2020
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