En plus d'être un film assez moyen, le premier Now You See Me était aussi un film qui se suffisait à lui-même. La fin avait beau être ouverte, rien n'obligeait une suite et rien n'était particulièrement charmant à cette idée. Pourtant, le box office est roi, et étant donné que le premier à rencontrer un joli succès, on à le droit aujourd'hui à une suite. Exit Louis Leterrier et bienvenue à Jon M. Chu qui reprend le flambeau pour offrir une sorte de suite/remake de son prédécesseur. Car ce film, apparaît clairement comme l'instauration de base plus "solide" pour permettre la mise en place de ce qui pourrait bien être le début d'une franchise qui sera amené à durer dans le temps si l’entreprise connaît un certain succès. Et surtout, plus encore qu'avec le précédent opus qui cherchait sa propre voie, celui-ci s'impose comme une version plus fantaisiste de la trilogie des Ocean's.


On constate très vite que cette suite n'a qu'une envie, venir faire table rase du premier opus. Il ne ré-exploite pas certains personnages qui aurait pu se montrer ici pertinent - comme le personnage de Mélanie Laurent - préférant introduire un nouveau personnage féminin au sein du FBI mais qu'il n'exploite pas suffisamment pour la rendre cohérente, ce qui fait que certaines de ces décisions vis à vis des 4 Cavaliers paraissent obscures et bien trop faciles. Le personnage de Laurent, ayant déjà un passif avec les personnages principaux aurait apparut comme un choix plus judicieux et logique. Mais on a véritablement le sentiment que cette suite se fiche pas mal de son prédécesseur, il donne des explications foireuses quand au départ de la première Cavalière qui amène même à une introduction lamentable et bien trop forcé de la nouvelle arrivante parmi les magiciens. De plus, le personnage est assez insupportable et s'inscrit très mal dans la dynamique du groupe, n'étant caractérise que par une romance prétexte et mal amené. De manière générale, tout ce qui touche ce personnage féminin sonne faux. L'intrigue du film n'est au final qu'une déconstruction de tout ce qu'avait mis en place le film de Leterrier, ce qui laisse la sensation permanente d'assister à un remake du ce dernier, qui n'aime pas trop ce qu'il adapte et qui décide de venir faire tout les choix inverses de ce que le premier opus à fait. Cela touche principalement le personnage de Morgan Freeman qui est mis dans une position improbable et qui accumule un nombre de twist plus abracadabrant les uns que les autres.


On à le sentiment que l'écriture se fiche de se qu'elle fait et que l'ensemble n'est que prétexte pour offrir des situations qui amèneront de la magie. Ici le récit se fait donc plus classique, étant bien plus calqué sur la narration d'un Ocean's Eleven par exemple. Le tout accumule les poncifs du genre et tombe dans le sensationnalisme grossier notamment au sein d'un climax qui use du bons vieux clichés de la foule en délire qui est captivé par le tour des magiciens, qui sont vu par le monde entier, littéralement. Surtout que malgré la gravité de la situation, la foule ne se contente que d'hurler de joie et d'applaudir ce qui est agaçant dans la vision très limité que le film à des spectateurs, ceux-ci n'étant que des abrutis près à tout pour en prendre pleins les yeux sans se poser des questions. Tout est au final à ce niveau-là, chaque situations accumulent un nombre important de stéréotypes et rien ne parait crédible. La plupart des arguments que le film utilise pour vendre ses éléments les plus improbables, c'est la magie sauf qu'ici elle est totalement artificiel et le récit ne sait pas si il doit la mystifier ou la rendre crédible. Ce qui fait qu'il va partir dans des explications peu subtiles pour certains tours de magies mais qu'il va laisser le mystère sur certains quand cela l'arrange car il n'a pas d'explications logiques, montrant bien la paresse de l'ensemble. Une paresse qui se reflète aussi dans la réalisation générique du film. Tout est impersonnel et fade en terme de visuel, la photographie donne l'impression de sorti d'un mauvais soap télévisuel, le montage manque de lisibilité lors des scènes plus orientées action et la musique manque d'inspiration. Pourtant la mise en scène de Jon M. Chu est par moments plus audacieuse que celle de Louis Leterrier pour le précédent film. Il assume un peu plus la fantaisie de son pitch pour apporter de l'originalité a des situations déjà vu, comme le casse qui fait le cœur du film. La mise en scène se fait plus inventive lors de ce moment qui se révèle rythmé, bien pensé et arrive à être drôle tout en maintenant une certaine tension. Il y a une maîtrise et un savoir-faire qui se dégage de tout ça même si il est clair que Jon M. Chu n'est pas au sommet de sa forme mais il arrive à livrer de bons moments, on pensera aussi à une bagarre au milieu d'un marché de Macau, qui est assez habile. Le tout manquera par contre de grâce et de subtilité dans le climax décevant et bien trop mécanique.


Après, il y a aussi de bonnes idées au niveau du développement des personnages. Ce concentrer sur l'ego des personnages et pousser les conflits internes est assez intéressant. Même si c'est un peu trop réduit à un concours de celui qui à la plus grosse, voire le personnage de Jesse Eisenberg, ici assez effacé dans son interprétation, vouloir prendre la tête des Cavaliers et assez logique ainsi que bien vu. Mais dommage que le personnage n'a que pour utilité de réaffirmer la place de Mark Ruffalo, toujours impeccable dans son rôle. Au final, comme pour le premier film, c'est Ruffalo qui tient le film et qui à le traitement le plus intéressant même si il se montre particulièrement classique dans ses rouages et prévisible dans son aboutissement. Ce qui est dommage, c'est que le film, comme le premier, n'arrive pas à faire vivre ses 4 Cavaliers. Ils n'ont pas de vrais personnalités et ne sont que des personnages fonctions, Dave Franco n'a quasiment rien à jouer car il ne sert à rien en dehors du groupe et on ne le définit que par sa romance avec le personnage de Lizzy Caplan pour les justifier tout les deux. En dehors de ça, ils ne servent à rien dans l'intrigue et Caplan se ridiculise dans un rôle insupportable qui ne fait pas honneur à son talent - elle est excellente dans la série Masters of Sex. Woody Harrelson se voit justifier grâce à l'apport ridicule de son frère jumeaux. Ce qui permet à l'acteur de jouer deux rôles et de se faire plaisir en terme de cabotinage. Car certes, cet aspect du film est ridicule, mais c'est aussi un de ceux qui marche le mieux car on parvient à en rire. Les punchlines entre les deux personnages font mouches et Harrelson s'amuse et parvient à nous amuser avec lui. L'autre attraction du film, est probablement Daniel Radcliffe en bad guy déluré qui offre une prestation déjanté et appréciable. Même si on a connu l'acteur plus en forme, il maintient un certain intérêt et compense avec les prestations endormies de Michael Caine et Morgan Freeman qui en ont décidément plus rien à faire.


Now You See Me 2 est un mauvais film et une suite qui ne parvient pas à justifier son existence. En voulant absolument dénaturer tout ce que le premier avant entrepris, le film perd de son âme et rentre dans le moule. Car malgré ses défauts, et ils étaient nombreux, le premier avait malgré tout réussi à proposer quelque chose d'assez frais. C'était un divertissement moyen mais qui se laissait suivre. Ici, l'intrigue est prévisible, sombre dans des rebondissements de plus en plus ridicules et ne sait pas où aller avec ses personnages et l'utilisation de la magie. Le tout devient très vite insupportable dans son approche laxiste et accentue son manque de rigueur par l'utilisation de clichés plus grossier les uns que les autres. On se retrouve face à un divertissement bourrin qui ne passionne pas, qui est mal écrit et qui est sauvé du naufrage total par quelques ressorts scénaristiques classiques mais bien amené autour de son personnage principal, un casting agréable sans être transcendant et deux séquences plutôt bien emballées et efficaces. Rien pour autant qui justifie le déplacement et l'existence de cette suite car cela pèse très peu face aux nombreux défauts de cette production. Il n'y a pas de quoi être rassuré qu'en à l'idée d'un troisième opus déjà annoncé et qui s'inscrira sur les bases inconsistantes de ce deuxième film.

Frédéric_Perrinot
3

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Flop 2016

Créée

le 29 juil. 2016

Critique lue 862 fois

4 j'aime

Flaw 70

Écrit par

Critique lue 862 fois

4

D'autres avis sur Insaisissables 2

Insaisissables 2
Behind_the_Mask
4

Et maintenant, tu le vois, mon doigt ?

Cela en deviendrait presque un comble. Et pourtant, le résultat est là, sans appel. Insaisissables 2, c'est un film qui cause de magie mais qui n'en déploie pourtant aucune. Imaginez donc la...

le 30 juil. 2016

45 j'aime

12

Insaisissables 2
Rano84
1

Pourquoi j'ai détesté ce film, 30 points expliqués en mode Orangina rouge.

IMPORTANT ! Je spoile beaucoup, il est donc préférable d'avoir vu le film auparavant. 1-Parce qu'à la fin du film, j'ai oublié tout ce qui s'était passé entre la 20ème et la 70ème minute. 2-Parce...

le 5 oct. 2016

34 j'aime

9

Insaisissables 2
Dr_Series
3

Now just don't see me !!

Si vous hésitez à voir Now You See Me 2 (too ?), aliais Insaisissables 2, c'est probablement que vous avez ne fut-ce que passé un bon moment en regardant le premier opus. Eh bien n'hésitez plus : n'y...

le 27 juil. 2016

25 j'aime

4

Du même critique

Glass
Frédéric_Perrinot
6

Une bête fragile

Alors en plein renaissance artistique, M. Night Shyamalan avait surpris son monde en 2017 lorsque sort Split et nous laisse la surprise de découvrir lors d'une scène en début du générique de fin...

le 22 janv. 2019

66 j'aime

6

Ça
Frédéric_Perrinot
7

Stand by me

It est probablement un des plus gros succès et une des œuvres les plus connues de Stephen King, et il est presque étrange d’avoir attendu aussi longtemps avant d’avoir eu une vraie adaptation...

le 22 sept. 2017

63 j'aime

1

A Cure for Life
Frédéric_Perrinot
8

BioShock (Spoilers)

Après une décennie à avoir baigné dans les blockbusters de studio, Gore Verbinski tente de se ressourcer avec son dernier film, faisant même de cela la base de son A Cure for Wellness. On ne peut...

le 17 févr. 2017

59 j'aime

3