Christopher Nolan n'a pas réalisé son 2001, il n'arrive pas à la cheville. Dur constat pour un début de critique me direz-vous. Très loin derrière la subtilité et la maestria de Stanley Kubrick, Nolan n'en livre pas moins une œuvre de science-fiction impressionnante qui regorge de thématiques toutes plus ou moins bien traités. Mais la forme comme le fond sont-ils aussi bons comme j'ai pu l’espérer ? Peut-être, tout est une question de point de vue après tout.

Sur la forme, le film frise la perfection. Je vais commencer par là.

Chaque acteur et actrice livre une performance juste et remarquable, ne tombant jamais dans le ridicule ou surjouant, chaque personnage est bien interprété. Mention spéciale à Matthew McConaughey qui confirme son statut de King of Kings en 2014, jouant magnifiquement bien. Je tiens tout de même à noter que j'ai vu le film en VF et je dois avouer qu'elle plombe certaines scènes, réduisant l'aspect dramatique quitte à rendre ces scènes ridicules. Nous assistons à un véritable défilement de stars, probablement le casting de l'année (Casey Affleck, Jessica Chastain, Michael Caine, Matt Damon etc), aucun ne fait de l'ombre à d'autres, ce qui est assez surprenant.

Le score musical est une pure tuerie. Hans Zimmer livre certainement sa meilleure B.O. depuis très longtemps, au moins depuis Gladiator. Elle accompagne magnifiquement bien les scènes, ne créant qu'un pathos suffisant pour les scènes tragiques ou dramatiques et rendant les scènes spatiales épique tout en créant une certaine harmonie. Une harmonie du vide intersidérale que je n'avais pas perçu depuis 2001 (contrairement à Gravity qui créait un danger de tous les instants) même si les scores musicaux ne sont pas comparables.

Le scénario n'est pas en reste, il est habile et maîtrisé, à la fois simpliste et compliqué pour ceux qui n'y connaissent rien en voyage spatiale, bourré de retournements de situations plus ou moins prévisibles. Étant fan de voyage spatiale, même si je n'y connais absolument pas grand chose en la matière, j'ai trouvé le film scientifiquement crédible, surtout quand un scientifique de renom (Kip Thorne) a travaillé en étroite collaboration avec les frères Nolan pour établir leur scénario (paraîtrait même qu'il a pu établir une nouvelle théorie dans sa recherche d'informations pour les Nolan). Nolan a tout de même la gentillesse de nous accompagner par la main en nous expliquant le tout, quitte à nous prendre pour des idiots parfois.

Cependant, la mise en scène de Chris Nolan m'a paru légèrement en retrait par rapport à ses précédents films. Je l'ai trouvé plus posé, certainement pour faire ressentir au spectateur cette impression de longévité voire d'extensibilité du temps infini et pour, peut-être, faire ressentir la solitude des astronautes. Peut-être pour nous faire comprendre ceci : que sommes-nous face à l'univers ? Que peuvent faire de minuscules boules d'atomes face à l'infini ?

Nous avons vu pour la forme, mais qu'en est-il du fond ?

Le film brasse de nombreux thèmes (tout comme 2001), le film peut être sujet à différentes interprétations, donc je vais vous livrer la mienne. Je ne prétends pas avoir compris ce film, ce n'est juste qu'un amas d'idées qui peuvent être fausses. Je tiens à préciser que je peux spoiler certains passages du film donc arrêtez-vous là si vous n'avez pas envie d'en savoir plus.

Le premier thème que j'ai pu apercevoir était celui de la parenté. Quelles sont nos responsabilités en tant que parent pour nos enfants et les enfants de nos enfants ? La relation entre Matthew et sa fille nous montre la difficulté d'être père. Chaque choix à son importance et ses conséquences et on doit les assumer jusqu'au bout. Que doit-on faire pour les protéger ? Matthew croira qu'il a fait le bien alors que sa fille croira justement qu'il l'a abandonné. Quelle attitude doit-on avoir avec son enfant lorsqu'il n'y a plus d'espoir ? Il y a aussi la question de l'héritage, que laissons nous aux générations futures ? Que nous ont laissés les générations antérieures ? Le film est dans l'ère du temps, nous tuons notre planète à petit feu et on ne cherchera une échappatoire à tout ça qu'au dernier moment. L'Homme est responsable de la mort de cette planète selon Interstellar.

Se pose aussi la question sur l'humanité, celle de l'Homme mais aussi la notre, présente en chacun de nous. Doit-on tout sacrifier au profit d'une minorité même quand il n'y a que peu d'espoir ? Question présente à travers le personnage de Michael Caine qui sacrifiera son humanité et l'Humanité pour cacher la véritable mission des astronautes. De même que le personnage de Matt Damon qui sacrifiera son humanité en voulant sacrifier l'épique, ce qui aurai pu condamner l'Humanité entière à travers un acte d'égoïsme et de lâcheté pure.

Quel est la place de l'Homme dans l'univers ? Autre question qui ne semble pas vraiment avoir de réponse universelle. Toute espèce fini par s'éteindre un jour ou l'autre, pourquoi l'Homme tente tant de continuer à essayer à exister quand tout est perdu, quand l'espèce humaine arrive sur sa fin ? Même si l'Homme cherche continuellement une place sur d'autres planètes, est-ce que cela veut pourtant dire qu'il a une place pour toujours ? Le personnage de Matthew semble montrer que l'Homme ne trouvera jamais sa place puisqu'il continue de voyager (même s'il parvient à rejoindre Anne, on ne sait pas s'il trouvera sa place là-bas).

Sommes-nous maîtres de notre destin ? Le passage dans le Tesseract n'apporte pas véritablement de réponse logique mais il semble que nous pouvons le contrôler un minimum, en changeant certaines choses que l'on pourrait qualifier d'insignifiantes. Matthew le contrôle suffisamment pour sauver l'humanité mais par quel moyen ? Comment lui a-t-on fait accéder à cette 5ème dimension ? Les aliens ? Si c'est eux, la comparaison avec 2001 n'est plus à prouver puisque ces derniers aident l'Humanité à avancer.

Qu'en est-il de l'amour ? L'argument de Anne a pu paraître ridicule pour les plus imbéciles d'entre nous. En fin de compte, l'amour transcende l'espace et le temps, il s'agit purement et simplement d'un argument d'une logique implacable quand on y pense. L'Homme est guidé par ses sentiments afin de créer de grandes choses, c'est un peu la force de toute chose et probablement même à l'origine de la prospérité de l'Homme.

Interstellar est un film de SF qui s'ancre, malgré tout, parfaitement dans la filmographie de Nolan. Comme tout bon vrai film de SF, il brasse beaucoup de thèmes sans véritablement apporter de réponses précises, c'est au spectateur de faire ses propres interprétations. Il n'a pas la prétention d'être un grand film de SF (comme Gravity), il se contente juste de rendre hommage au pilier du genre : 2001, l'odyssée de l'espace. Techniquement superbe, décors et effets spéciaux somptueux, acteurs remarquables, mise en scène précise, 3 heures qui passent crème... Assurément l'un des meilleurs films de SF de ce début de siècle.

P.S. : Sincèrement désolé pour l'aspect brouillon de cette critique peu compréhensible au final. La note n'est absolument pas définitive, à revoir au calme.

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le 12 nov. 2014

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19fox64

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