Christopher Nolan a toujours divisé. Certains crient au génie, d’autres à de l’opportunisme immonde. Personnellement, j’ai plutôt tendance à être d’accord avec les premiers. J’ai dû voir The Dark Knight une dizaine de fois, Inception et The Dark Knight Rises au moins 4 fois, et j’ai adoré Memento, Batman Begins et The Prestige. Bref, j’adore Nolan. Il perpétue la tradition du Cinéma avec un grand « C », un cinéma qui se veut intelligent et divertissant à la fois, émouvant et avec des ancrages rééls à la fois.

C’est avec une attente énorme que je suis allé voir Interstellar. Je suivais le projet depuis environ 1 an, et j’ai regardé les plusieurs trailers disponibles dès leur sortie (ce que je déconseille de faire, mieux vaut arriver devant le film sans presque rien en connaître). Comme pour les précédents films de Nolan, les détracteurs ont sévi et ont déclaré le film comme une bouilli sans intérêt copiant 2001 : A Space Odyssey, The Black Hole ou encore Contact. Il a même été dit que le film faisaient des références à Gravity, alors que le tournage a été complété avant même la sortie du très bon film d’Alfonso Cuaron.

La vérité, c’est qu’Interstellar est un vrai film orignal et ambitieux, au temps des franchises et autres machines à sous comme la 3D. Ici, nous avons affaire à un film qui ne provient d’aucune franchise et tourné en pellicule 70 mm, un procédé presque abandonné de nos jours. Egalement, les thèmes abordés et les questions soulevées le sont avec succès. L’amour et l’espoir sont les deux sujets qui viennent à l’esprit. Comment ne pas perdre espoir lorsque toutes les chances sont tournées contre nous ? Est-ce que l’amour est simplement humain, ou est-ce une valeur universelle ? Ces deux interrogations sont traitées à l’écran par la relation père-fille entre Cooper et Murph, qui est clairement au centre de l’intrigue. Eh oui, Christopher Nolan est un romantique qui le revendique, on le voit clairement dans Interstellar. Cela nous offre de très belles scènes qui ne sont pas garanties de vous laisser sans pleurer, embellies par la musique de Hans Zimmer qui livre ici sa composition la plus belle et la plus pertinente depuis bien longtemps. Pour revenir à cette relation père-fils, on s’attache à Murph, jouée par l’impressionante Mackenzie Foy puis par la géniale Jessica Chastain plus tard dans le film, et on comprend les décisions de Coop, joué par le brillant Matthew McConaughey, son désir de revoir sa fille. Ici, la science-fiction est au service du récit humain. En effet, un scénario comme celui d’Interstellar permet aux scénaristes, donc, aux acteurs et aux réalisateurs de nous faire vivre à travers les personnages des situations inimaginables autrement. Je pense particulièrement à deux scènes que je ne décrirai pas ici pour ne pas spoiler, mais disons que l’une implique Coop, Amelia et Rom, et l’autre Coop et ses enfants, pour ceux qui ont vu le film.

En plus d’être un très beau film du côté émotionnel, le côté audiovisuel l’est encore plus. La réalisation de Nolan est ici à son apogée, nous offrant des plans magnifiques à la pelle, tout comme Kubrick le faisait avec 2001 : A Space Odyssey. Comme l’a répété à plusieurs reprises le réalisateur : allez voir Interstellar sur le plus grand écran possible, ça vaut vraiment le coup. Le travail du directeur de la photographie est l’un des plus beaux que j’aie jamais eu l’occasion de voir, c’est une véritable claque esthétique. Je l’ai déjà dit plus haut, mais Hans Zimmer est ici à son meilleur, faisant la meilleure utilisation possible des orgues.

Christopher Nolan livre donc son film le plus intimiste, et paradoxalement (ou pas) le plus ambitieux. Les 2h49 d’Interstellar passent très vite, et l’on en ressort sonné, avec des étoiles plein les yeux et des questions plein la tête. Je suis allé le voir 2 fois en l’espace de quelques jours, et je pense aller le revoir dans le courant de la semaine prochaine. Nous avons là un chef-d’oeuvre, un objet pur de science-fiction, une aventure magnifique, une Odyssée humaine. Allez voir Interstellar, pour l’amour du Cinéma, vous me remercierez.
AntoLang
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le 9 nov. 2014

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