Je ne cherche pas à faire une critique sur le film mais simplement à répondre point par point à cette critique de Di Pascale.


Je pense que ça n'intéressera personne à part l'auteur mais tout le monde à le droit de lire et de donner son avis.


« En à peine 15 ans, Christopher Nolan s'est bâti une très grosse réputation à Hollywood. Depuis son ingénieux Memento en 2000 il a en 7 Films accumulé plus de 3.5 milliards de dollars au Box-Office mondial. Nolan est devenu LE réalisateur le plus suivi d'Hollywood. L'un des seuls à pouvoir lever du spectateur en masse sur un scénario original (cf Inception). »


Réponse : Effectivement, Nolan est devenu le réalisateur incontournable d’Hollywood, non pas en étant un cinéaste de génie, mais un cinéaste ayant du génie pour faire adhérer le grand public. He’s not Stanley Kubrick, he’s fucking Nolan !


« Pour moi comme pour beaucoup, il y a toujours cependant eu dans le cinéma de Nolan une espèce d'antipathie, faute à un manque de subtilité dans des scénarios boursouflés et sur-explicatifs. »


Réponse : Comme tout spectateur habitué à voir des films, je n’aime pas non plus qu’on me sur-explique le scénario. Pourtant, j’ai toujours loué l’effort de ceux qui tente de faire un pas vers le spectateur, démocratisant ce 7ème art qui est tout aussi agaçant quand il laisse 95% de la population sur le bord de la route. Personnellement je n’ai pas envie de me faire un remake de 2001 ou de Tree of life, ça me va très bien d’en prendre une partie et de le vulgariser.


« Je ne pense pas que Nolan soit un grand réalisateur, et je ne pense pas qu'il le sera même un jour. Cependant, il est indéniable qu'au fil des années la machine mise en oeuvre dans chacun de ses films a fait plus ou moins mouche. Plus pour Inception, Memento et le Prestige, moins pour l'horrible trilogie Batman (mais bon là encore, question de goût...). »


Réponse : The Dark knight est super bien, il faut que tu arrêtes maintenant.


« Si on classera volontiers Interstellar dans les plus, ce ne sera pas sans hurler une nouvelle fois tout ce que l'on peut reprocher au cinéma de Nolan. »


Réponse : Tu partais avec un a priori sur le film : en connaissant par avance les défauts que tu veux lui trouver, évidemment que tu vas les trouver.


« Pour simplifier, on retrouve ici tous les défauts de Inception un cran au-dessus. En pièce montée. Avec de la crème. »


Réponse : Ne reproches-tu pas à Nolan d'en faire trop ? Un peu comme toi avec cette phrase dans ta critique !


« Comme pour Inception, Nolan veut en dire trop. On constatera d'ailleurs incrédule à quel point le film peut faire autant de raccourcis sur une durée de pourtant 2h50. Dans le monde d'Interstellar, on a une idée, et dans le plan d'après on exécute immédiatement cette idée. Pourquoi pas, dirons certains, ça donne au film un côté straight-forward par forcément désagréable et à l'aventure un certain rythme. En vérité, on aurait bien ici la matière pour une série en plusieurs épisodes. Résultat nombre de détails semblent étrangement passer à la trappe, comme par exemple la construction d'une vraie ambiance post-apocalyptique de la Terre, qui malgré trois pauvres nuages de poussière de temps en temps, ne semble pas vraiment si mal en point. Ou encore l'immense manque ressenti par la non évocation du destin du reste de l'humanité qui semble être réduite ici au village où vivent les personnages. Encore, une fois Monsieur Nolan, trop de matière tue la matière... »


Réponse : Effectivement le film utilise les ellipses, qui sont parfois assez étonnantes. Cela m’a légèrement gêné mais le film dure déjà 3h, c’est donc pas forcément une mauvaise chose de nous épargner des phases secondaires.
Pour l’ambiance post-apocalyptique, je suis complètement en désaccord. L’ambiance est très bien rendue avec un choix audacieux de ne parler que d’un village. C’est une des rares idées osées qui a l’avantage de nous épargner la voix off et les JT du futur montrant des émeutes dans le monde entier. Je te l’accorde, ça fait bizarre de passer sous silence 6 milliards d’humain, mais c’est surement parce qu’il a l’habitude que tu le critiques pour ses scénarii boulimiques ! Apprécie donc la simplification et l’originalité.


« Quand Nolan lui-même en vient à comparer Interstellar à 2001 (y compris d'ailleurs en le référençant outrageusement à l'intérieur même du film), on se dit que quelque chose cloche sérieusement sur le regard qu'il porte sur son oeuvre. 2001 et Interstellar, pour reprendre Samuel dans Pulp Fiction “It's not the same ballpark, it ain't the same league, it ain't even the same fuckin' sport”.»


Réponse : Il dit ce qu’il veut sur son film, mais il faut reconnaitre qu’un énorme point fort du film vient justement du robot TARS, anti-HAL par excellence. Je ne misais pas sur lui au début et j’avais peur qu’on ait du copié collé hommage, alors qu’en fait son rôle est très intéressant.


« Oui, car dans Interstellar Nolan retombe dans le plus systématique de ses travers : il nous explique son scénario. Certaines scènes sonnent complètement faux, citons par exemple Romilly qui nous explique le concept du trou de ver avec son papier. Mais pas seulement, tout au long du film Cooper (Matthew McConaughey) n'aurait de cesse de reformuler ce qu'il comprend - en réalité ce que Nolan veut que l'on comprenne - pour s'assurer en permanence que tout le monde a compris avant de passer à l'étape suivante du scénario. Cela dénote d'un manque absolu de génie de la part de Nolan, si on avait besoin de se l'entendre dire une nouvelle fois après 7 films. Et c'est là que la comparaison avec 2001 fait très mal. Si en 1968 Kubrick nous offrait un univers des possibles et des interprétations infinies qui n'aurait eu de cesse de passionner les cinéphiles depuis des décennies et qui passionnera encore, en 2014, Nolan lui nous offre à "comprendre". Pas d'interprétation ici, Nolan a écrit son scénario, a tourné son film en suivant ce scénario, et à nous, maintenant, pauvre spectateur de comprendre de quoi il en retourne. En somme, c'est de l'anti-cinéma. »


Réponse : Les cinéphiles en parleront effectivement moins dans 40 ans, mais ça n’en fait pas de l’anti-cinéma. C’est louable de lier pop-corn et philo, et de vouloir expliquer. Il cherche à tout expliquer sur un sujet complexe alors que tout le monde l’a encensé pour son plan coupé avant que la toupie ne s’arrête quelques années plus tôt.


« Le problème c'est qu'au vu du scénario, du genre et des thèmes abordés, la vision Nolanienne de l'espace parait vraiment hors-sujet. D'une part la complexité infinie de l'ensemble se heurte régulièrement à sa volonté de tout nous expliquer. D'autre part, quand soudainement dans ce monde du tout-expliqué une chose est laissée à notre interprétation, il apparaît qu'elle a en fait été totalement abandonnée par le réalisateur. Le Time Magazine résume très bien la chose : Nolan's reach occasionally exceeds his grasp. C'est exactement ça. Nolan veut tout contenir, tout nous expliquer, mais le sujet du film ne lui permet absolument pas de le faire. »


Réponse : Le fait qu’il essaye d’expliquer l’espace-temps alors que c’est infaisable (puisqu’aucun scientifique ne peut le faire, pas même le Time) est son droit d’après moi. Donner des réponses là où il n’y en a pas, c’est la base des mythes et des légendes, pourquoi pas du cinéma ?


« Après difficile de dire que l'expérience n'est pas grisante. Malgré ses travers, le film reste passionnant. On a une vraie impression de partir en voyage dans une autre galaxie, surtout grâce à une production design, une direction artistique et des effets spéciaux du feu de dieu. Ponctuellement, des scènes de suspense viendront également vous clouer sur votre siège (la première planète, la scène du docking). Une nouvelle fois, difficile de ne pas avouer que la machine ne fonctionne pas et ce malgré les dialogues bas du plafond, les yeux globuleux de Anne Hathaway et la thématique finale sur la scientifisation de l'amour particulièrement irritante. »


Réponse : J’ajouterais en point fort des scènes d’émotions comme les vidéos des 27 dernières années après la 1ère planette, grâce au lien réussi avec sa fille (même si le mec n’en a rien à foutre de son fils du début à la fin, il demande même pas s’il est vivant quand il se réveille).


« En somme avec Interstellar, Nolan continue son petit bonhomme de chemin en nous livrant à nouveau une expérience grisante et épique. Mais antipathique. »


Réponse : Tu critiques tellement alors que tu mets 8/10 que je suis obligé de lui donner 9, pour ne pas avoir la même note que toi avec un avis beaucoup plus positif…

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le 7 nov. 2014

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Bertrand Roche

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