Près d'un an passé à attendre Interstellar, autour d'une atmosphère secrète et attirante, la déception serait le mot qui m'est venu à l'idée en premier en sortant de la salle de cinéma. Espérant beaucoup de ce film je suis sorti de la salle avec l'idée d'avoir été trompé.

Lors de l'introduction, on s'attache très vite à la famille Cooper grâce à leur situation : Dans un environnement similaire à celle qu'on retrouve dans les raisins de la colère, on se prend à aimer la relation qu'on découvre entre le père qui élève ses deux enfant dans la maison familiale en compagnie du grand père, après la disparition de la mère. Grâce à l'association de la photographie, du jeu des acteurs (aussi bien les enfants que Matthew McConaughey), et de la Bande Originale, on trouve un plaisir à suivre cette famille. L'intrigue est ensuite parfaitement amenée, présentée clairement et sans complication.

Après le départ du père, scène la plus émouvante du film, on se retrouve avec un mélange d'émotions qui va durer jusqu'à la scène finale, passant trop vite d'une émotion à l'autre. En jonglant si vite avec ce que l'on perçois pendant le film, on se retrouve à ne plus prendre de plaisir à regarder avancer les personnages, et on n'a plus le temps de s'attarder sur ces émotions. L'exemple le plus frappant pourrait être celui du départ dans l'espace : on décolle en même temps que les acteurs grâce aux sons, puis tout d'un coup plus rien, le silence de l'espace. Au lieu de nous laisser apprécier le silence au cinéma (quelque chose de rare) on se retrouve de nouveau plongé dans un dialogue comique, qui nous coupe le contraste entre la phase de décollage bruyante, et le silence de l'espace, auquel on ne nous a pas laissé prendre goût.

Dans la continuité et pendant toute la durée du voyage, on ne laisse à aucun moment l'opportunité de se retrouver perdu dans l'espace : on se situe toujours accroché à la navette, qui va nous confiner à notre position et ne pas nous laisser le moyen de découvrir quelque chose d'inconnu et de nouveau. Pour représenter un contraste, l'un des atouts de Gravity sorti l'an passé était que le film proposait plus de diversité au niveau des plans et des scènes tournées dans l'espace. Une diversité qu'on ne retrouve pas ici.

Autrement, à cause de la richesse du vocabulaire et des dialogues pompeux et scientifiques, on se sent perdu au milieu des mots savants et des théories astronomiques et physiques qu'on voit tout au long du voyage. On pourrait donc s'attendre à ce que le film soit basé sur la science et sur les connaissances actuelles de l'espace. Pourtant, la simplicité qui se dégage des manœuvres ou des images proposées crée une telle différence entre les dialogues et les images que les paroles des acteurs en deviennent grotesques. Après avoir exposé les théories de la singularité, de la relativité, on perd Cooper dans un trou noir, se retrouvant dans un univers absurde qui ne colle pas au début du film. C'est là que la barrière de la science fiction est franchie et peut être trop tardivement, entre le "presque plausible" et le "complètement absurde". Cette barrière à aussi été franchie dans Sunshine, un autre voyage spatial qui aurait pu devenir un très beau film sans ce dernier tiers.

Accompagné par une Bande Originale un peu trop présente à mon goût, j'ai l'impression que l'équilibre trouvé entre le film à succès et le cinéma comme par exemple dans Inception ou encore dans The Dark Knight est perdue, avec des dialogues trop riches, une musique trop présente, et un éternel rebondissement de l'action entremêlé des différentes sensations que l'on peut ressentir, fait perdre au film son intérêt de cinéma. Plus spectaculaire, mais moins plaisant.

Les points forts du film se joue tout de même autour des trois personnages de Matthew McConaughey, Anne Hathaway et Jessica Chastain/Mackenzie Foy ajoutés aux décors semi-terrestres et à la photographie qui permettent au film d'avoir un crédit énorme.

Pour conclure, la hype Interstellar n'a pas fonctionné sur moi, et malgré un ensemble de points faibles qui m'ont laissé sur ma faim je remarque un espèce de mode, qui tiens à dire que si on n'a pas aimé Interstellar, alors on ne comprends pas tout à fait le cinéma ou du moins pas les précédents Nolan.
Vincent_Guyonva
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le 7 nov. 2014

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le 7 nov. 2014

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Vince G

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