L'un des meilleurs films de SF de ces dernières années

La science fiction est et a toujours été l'un des genres les plus fourre tout et l'un des plus mal exploités du cinéma. Entre les multitudes de nanars et navet sur des animaux mutants/ hommes mutants/ Dieu sait quoi mutants et entre les énièmes merdes alien qui viennent nous envahir sans aucune raison comme dans Battleship ou la Guerre des Mondes, il ne reste finalement qu'assez peu de films osant vraiment une vraie trame scénaristique et proposer de vrais enjeux. En bref, peu de films peuvent se vanter de dépasser le "bouh je suis un mutant, je vais tuer des innocents" "ou le très recherché "bouh je suis un extraterrestre je viens tuer des innocents et voler votre technologie alors que je suis 10 fois plus évolué que vous". Alors je ne critique pas tout ces films car certains sont vraiment bons comme The Thing par exemple, mais globalement force est de constater que des films ambitieux dans la veine de Matrix on n'en voit pas souvent.

Interstellar, c'est le film qui vous rappelle que la SF, la vraie de vraie, est une extension ou plutôt un approfondissement du présent tel qu'on le connait ainsi que de tel qu'il pourrait être dans le futur si on ne dévie pas de chemin. La SF, la vraie, c'est de l'anticipation pour le meilleur et le pire. Interstellar s'intéresse donc à la mort de l'humanité. A force de proliférer, l'homme a fini par épuiser les ressources de la planète, et finalement il ne reste aujourd'hui plus le moindre espoir de redonner à notre planète sa vitalité d’autant. Le désespoir est si profondément ancré dans les mœurs des gens que l'humanité se comporte comme un animal blessé prêt à mourir: les livres parlant de la civilisation d'avant sont interdits car l'espoir lui même est interdit, les enfants sont classés dès leur plus jeune age entre scientifiques (désormais inutiles donc plus rares) et fermiers devant cultiver les champs. Les ressources se faisant de plus en plus rares, et les expériences et théories sont désormais inutiles, il ne reste plus à l'humanité que le choix d'attendre de disparaître définitivement dans les décennies à venir.

Le film s'intéresse à un père et sa fille. Le père désespère de ne plus voir ses talents utilisés à sa juste valeur, l'opportunité d'aller dans l'espace lui apparaît tout de suite comme la chance de sa vie. Quand à la fille, elle nagera toujours entre dégoût pour son père qui l'a abandonné et la volonté de poursuivre les recherches en compagnie de ce qu’ils reste encore de scientifiques dans le but d'essayer de sauver l'humanité. Les personnages restent assez classiques, cependant les enjeux qui se posent sur leurs épaules sont énormes. Ce ne sont donc pas des héros pétris de toutes les qualités du monde, mais des être humains compétents pleins de doutes et d'incertitudes qui s’époumoneront à vouloir laisser une dernière chance à l'humanité. Le père parti dans l'espace sera accompagné de trois autres scientifiques, et un robot nommé TARS. Alors qu'il vieillira beaucoup moins vite dans l'espace à cause de la gravité des planètes et des nombreuses cryogénisations, la fille elle vieillira à un rythme normal au point de dépasser l'age son père. Nous suivrons donc deux personnages qui essaieront chacun de faire avancer les choses à leur manière, mais pas complètement indépendamment l'un de l'autre comme nous le montre la brillante fin du film que je m'interdis de spoiler.

Descendant direct de 2001 l’Odyssée de l'espace de Stanley Kubrick, Interstellar multiplie les références à son aîné et ne s'en cache pas. Ainsi la forme plate et rectangulaire du robot TARS nous fera immédiatement au Monolythe de 2001, idem pour la base spatiale qui accueillera la fusée de l'expédition qui ressemble énormément à celle de 2001, l'intérieur de la navette a elle aussi été pensé ainsi.... Sur un plan esthétique également, les nombreux plans de l'espace, des étoiles, et surtout l'aspiration de la navette dans le trou de ver comme l'avait fait le Monolythe avec la capsule de Bowman, nous montre encore d'où le film puise ses inspirations. Moins limité que l'était Kubrick à cause des restrictions de l'époque, Interstellar pourrait se voir comme un prolongement de ce film tant les effets spéciaux, la géographie des planètes et de l'espace tels qu'on les voit dans le film sont splendides. Ce film est un très bel hommage rendu à Kubrick sans le moindre doute.

Deuxième point qui pourrait faire référence à Kubrick, c'est la vision de Dieu que nous donne ce film. J'utilise le conditionnel parce que je ne me base surtout sur un ressenti pour élaborer cette hypothèse. Dans 2001, il est suggéré que toute l'évolution de la race humaine aurait été préméditée par des être vivants incommensurablement plus évolué que nous qui ont dépassé depuis longtemps leurs contraintes humaines afin d'aider d'autres cultures à se développer. Comment se termine le film? Bowman qui a réussi à les atteindre obtient le droit de devenir un semi Dieu en laissant tomber les barrières de son corps et il se déplace alors dans l'espace sans but précis pour l'avenir. Il n'y a donc pas de force supérieure mais seulement des humains qui se battent pour avancer et pour évoluer, tout le film va en ce sens d'ailleurs. Bowman devient donc le premier à s'émanciper complètement de ces être immortels. Dans Interstallar, longtemps on croit que toutes les interventions qui mènent à l'avancée des recherches pourraient venir d'une force supérieure impliquée dans la survie de l’espèce, mais dans les faits il n'en est rien. A travers un trou dans l'espace le père aidera sa fille à monter un projet successible de sauver ce qu'il reste de l'humanité. L'homme est livré à lui même mais c'est sa volonté de toujours avancer qui fera toute la différence. Je ne peux pas en dire tellement plus parce que ça gâcherait le film d'en dire d'avantage, mais on en arrive au même constat; tout ce que l'humanité construit elle se le doit à elle même, elle évolué selon son propre rythme.

La bande son, nous la devons comme pour la plupart des blockbusters, force est de constater que son travail est toujours de qualité et que les musiques qu'il compose sont toujours une des forces des films qu'ils accompagnent. Techniquement, le film est superbe, rien à redire de ce coté là. Et un film qui arrive à aligner technique et un vrai fond je lui baisse mon chapeau, parce que ce n'est pas tout les jours que les films de science fiction parviennent à un tel niveau d'aboutissement.
Algernon89
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le 26 nov. 2014

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Algernon89

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