Il y a du bon… parce que c’est Nolan.
Il y a du moins bon, voire du mauvais – oui, du mauvais ! - sans doute parce que c’est Nolan, aussi.

Mais rendons à Nolan ce qui est à Nolan : la photographie est impeccable. Elle a ce grain, cette manière de saisir le visage des acteurs ou d’embrasser un paysage lunaire improbable et sublime, qui nous entraîne à affirmer sans conteste et avec enthousiasme que Christopher sait tenir une caméra.
Le problème, c’est que Christopher et son frère Jonathan ont – l’espace d’un instant – oublié qu’ils travaillaient sur un scénario de science fiction qui se voulait en phase avec notre réalité et non sur celui d'une fiction dans un univers alternatif où les règles de vraisemblance ne sont plus les mêmes... Des réflexes du temps pas si lointain où ils travaillaient pour DC Comics ?...
L’accroche était pourtant bonne : la Terre, devenue inhospitalière, pousse les hommes à chercher asile sur d’autres planètes en les étouffant de poussière.
Mais il a fallu que les frères Nolan introduisent de mystérieux « ils » ; des « ils » qui perturbent la gravité et envoient, en code binaire, les coordonnées d’une base secrète de la NASA ; des « ils » qui communiquent avec une petite fille, par l’intermédiaire d’une bibliothèque murale ou les aiguilles d’une montre, des « ils » qui distordent l’espace pour venir serrer la pince d’Anne Hathaway, d’ailleurs assez peu crédible en astronaute-très-scientifique-mais-sentimentale. Ces « ils » auraient été des extraterrestres que ça n’aurait pas été problématique.
Mais pourquoi les avoir expliqués par un voyage dans le temps absurde dans l’univers du film, qui ressemble bien plus à une pirouette scénaristique pour se tirer d’une situation embarrassante qu’à un hommage à 2001, comme certains l’ont dit ?
Bien sûr… il aurait fallu sacrifier une bonne partie de la relation père-fille… Or, c’est sur cette relation que les Nolan ont bâti leur film. C’eut pu être une excellente idée, s’ils n’avaient pas suggéré une problématique écologique dans la première demi-heure, et s’ils n’avaient pas joué si longtemps avec le temps : ils avaient déjà une tension dramatique suffisante, avec le décalage temporel qui implique qu’en fonction de la gravité, une heure passée sur une planète équivaut à des années sur Terre...
Et rajouter à cela un espace en cinq dimensions… créé par des hommes du futur supérieurement intelligents… pour que Matthew Mc Conaughey – toujours formidable, Dieu merci ! – puisse donner à SA fille LA solution, à travers SA bibliothèque, heureusement posée sur un pli temporel ( !)… Rajouter cela à film qui se présentait comme réaliste, c’est juste dommage.
Violaine_Carry
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le 15 nov. 2014

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Violaine Carry

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