C’est une attente mitigé que j’avais vis-à-vis d’Interstellar. Une grosse attente car Christopher Nolan ! Mais des doutes, car les bons films de science-fiction ne courent pas les salles de cinéma ces dernières années.
Mais ces craintes ont très vite été balayé en découvrant le nom de Kip Thorne parmi les scénaristes, sans doute le plus grand physicien théoricien actuel. C’est donc avec la certitude de voir un film de science-fiction respectant les lois de la physique que je me lance dans l’aventure. Et je ne suis pas déçu, hormis quelques rares incohérence, le film de Nolan est d’une crédibilité scientifique très forte, tant au niveau de la physique (quantique), l’astrophysique et la gravitation. Et non seulement cela est crédible, mais en plus c’est très bien expliqué, ne donnant pas au film un aspect excluant pour qui ne se passionnerait pas pour ces matières. Rien que pour cela, merci monsieur Nolan !
Dans un futur proche, la Terre est de plus en plus hostile pour l’homme ! L’humanité connaît une crise alimentaire sans précédent, ne frappant plus, uniquement les pays de l’hémisphère sud. Dès les premières classes scolaires, on oriente les enfants à devenir agriculteurs et l’on fait passer les missions Apollo pour des fables. Il n’y a plus de programme spatial ou militaire, tout l’argent va à la nourriture.
Si la plupart des humains ont fait leur deuil de leur ancienne vie, ce n’est pas le cas de Cooper (Matthew McConaughey) ancien ingénieur et pilote d’essai, devenu agriculteur. Mais il garde toujours les yeux vers le ciel et l’espace. Il vit dans l’enfer qu’est devenu le midwest avec son fils Tom (Timothée Chalamet puis Casey Affleck) fier de prendre la suite de son père et sa fille Murphy (Mackenzie Foy puis Jessica Chastain) petit génie en devenir, persuadée que sa chambre est hantée par un fantôme voulant communiquer avec elle.
Cooper va alors demander à Murphy de lui prouver l’existence de ce fantôme, de façon scientifique. Ils vont alors découvrir une forme d’intelligence inconnue qui leur envoie des messages codés au moyen d’ondes gravitationnelles altérant la poussière au sol. Grâce à ces messages Cooper et Murphy vont découvrir une installation secrète de la NASA !
Suivant la loi de Murphy, dont il s’est inspiré pour choisir le nom de sa fille, Cooper tombe au bon endroit, au bon moment. Enfin question de point de vue. Le professeur John Brand (Michael Caine) explique à Cooper que la Terre arrive au bout du chemin, mais que la NASA a découvert un trou de ver, il y a quarante huit ans, non loin de Saturne. Ils en ont déduit que ce trou de ver était l’œuvre des êtres du bulk (espace-temps en cinq dimensions selon la théorie des cordes) afin d’aider les humains à sauver l’humanité en leur permettant de se rendre dans une autre galaxie. Une douzaine de mondes est susceptible d’être une nouvelle colonie pour les humains, dont trois dans le même système planétaire. Une mission doit donc emprunter ce trou de ver afin de trouver une planète propice à l’évacuation de la Terre (plan A) ou une colonisation basée sur le développement in vitro d’embryons humains congelés (plan B).
Malgré le fait de devoir abandonner ses enfants pour plusieurs années, le temps étant relatif, et les suppliques de sa fille en larmes, persuadée, par son « fantôme » que son père doit rester, Cooper accepte d’être le pilote de cette mission décisive pour l’humanité. Accompagné de la fille du professeur Brand (Anne Hathaway) Cooper va vivre une expérience fantastique, douloureuse et unique ! Réalisant, peu à peu, ce qu’il a perdu en acceptant ce voyage, lorsqu’à travers les messages quotidien de son fils, il le verra grandir, devenir père à son tour. Le coup de grâce venant de Murphy, lorsque à son tour, plus de vingt ans (sur Terre) après son départ, elle lui enverra aussi un message pour lui dire qu’à cet instant précis ils ont le même âge et qu’il n’est toujours pas rentré !
Poussé par l’amour qu’il a pour ses enfants, et surtout pour sa fille Murphy, Cooper va tout faire pour rentrer à la maison comme promis à sa fille, bravant tous les dangers, connus et inconnus, traversant l’espace et le temps et réalisant qu’il n’existe aucune barrière possible à l’amour entre un père et sa fille.
Christopher Nolan nous offre là un magnifique film ! Intelligent (crédibilité scientifique), passionnant (le voyage retour de Cooper et « fantôme »), esthétiquement très beau, et très émouvant, presque poétique. Quelle belle idée de mêler l’amour à tout cela. Cette relation entre Cooper et sa fille Murphy m’a bouleversé ! On sent un lien très fort entre les deux personnages, la vie de l’une étant modelée dans le but de retrouver son père, les actions de l’autre n’allant que dans le sens de tenir la promesse de sa fille. Et c’est cet amour, ce lien unique qui va rendre tout cela possible !
Bref, ce film est, pour moi, une magnifique réussite, un véritable petit bijou, éclaboussé par la crédibilité, le lien qui unit Cooper à Murphy. Voyage magnifique et bouleversant, le temps n’a plus cours et l’on se laisse porter par tout ce qu’un père peut faire et traverser pour sa fille !