[SPOILERS] Interstellar, les clichés qui traversaient le temps et l'espace

Ayant été abasourdie par l'excellence d'Inception et Memento, j'attendais beaucoup de ce nouveau Nolan. Trop, peut-être ; et j'ai été déçue. J'ai été fatiguée par les raccourcis scénaristiques, les trop grosses ficelles qui nous pendent sous le nez, les clichés, les éléments bien trop niais.


Des coordonnées en binaire apparaissent comme par magie ? Allons-y ! C'est la NASA ? Pas de problème ! Ils m'envoient en mission sans se poser de question parce que je suis le seul à pouvoir le faire ? Génial ! Partons dans l'espace sans préparation ! Je suis un ancien pilote, je suis au-dessus de ça (bien sûr).
Bel exemple d'américanocentrisme en passant : la NASA est le seul organisme à se préoccuper du destin des êtres humains ! Et les autres pays, ils ont tous décidé de mourir tranquillement ?
Une fois dans l'espace, on arrive au topos classique "à-chaque-étape-quelqu'un-meurt-sauf-les-héros". Chouette ! On a toujours besoin de personnages secondaires à tuer.
A l'apogée du film... Les incongruités s'enchaînent. Boum ! Faisons exploser le gentil-devenu-méchant (mais avant, il faut bien le faire parler longuement pendant que le héros agonise).
Je me rends compte que je peux communiquer avec le passé ? Envoyons un message pour supplier Murphy de ne pas me laisser partir. La seconde d'après, j'encode en binaire les coordonnées de la NASA pour m'y envoyer. Quelle logique ? Aucune ! Je m'envoie des messages !
Murphy est la clé de tout ? Envoyons-lui les super-données-quantiques-qui-sauvent-le-monde en morse à travers la trotteuse d'une montre. D'accord, c'est bien pensé, mais comment est-elle censée savoir où commence et où finit le code en morse, s'il a commencé alors qu'elle n'avait pas encore regardé la montre ? Pourquoi transcrit-elle le code à la main alors qu'avec un ordinateur ce serait plus efficace ? Et comment, pourquoi et en quoi une super-équation-mathématique-compliquée peut-elle sauver le monde ?? Je ne demande pas que de la science-fiction soit une science réelle, mais du moins qu'elle soit cohérente avec elle-même et qu'elle établisse un monde probable ; là, une équation mathématique qui tout d'un coup permet aux êtres humains de vivre sur des stations spatiales, je trouve ça un peu dur à avaler. Nolan, tu ne peux pas t'en sortir simplement en nous criant "IT'S SCIENCE". D'ailleurs, Murphy qui embrasse son collègue (a.k.a love-interest) parce qu'elle a réussi... Stop. Les romances forcées, ça suffit. Ce personnage n'a vraiment pas besoin de ça.
Au passage, sauvons le papa quelques-minutes-avant-que-son-oxygène-ne-s'épuise ! Oui, nous l'avons trouvé, par hasard, à la dérive dans l'espace. L'espace. Oui, cet endroit infini où on ne retrouve rien. Ben nous on y retrouve des astronautes. Vivants. Voilà.
Ah, et bien sûr, la morale de l'histoire, c'est que l'amour résout tout - il traverse l'espace et le temps. C'est beau.


Bien sûr, il y a des points positifs - la patte de Nolan sur le renversement de situation et l'univers tortueux, les hommes partis en expédition morts ou devenus fous, Murphy qui se révèle être la véritable héroïne de l'histoire, les belles images. C'est bien formidable tout ça, mais pas avec ces éléments scénaristiques exaspérants qui sont beaucoup trop nombreux à mon goût. Désolée, mais ça ne passe pas.

Clathy
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le 31 août 2015

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