"Lorsque la peur se trouve détournée par une imagerie que l’on rejette, elle engendre, chez Phil Mulloy, la trilogie Intolérance. Réputé pour ses animations dérangeantes et ses sujets provocateurs, l’artiste britannique développe une œuvre où la puissance satirique réside dans la crudité de l’inversion grotesque de nos structures sociales. L’humanité y est confrontée à son double inversé : les Zogs, des extraterrestres à l’apparence absurde – sexe et tête échangés – qui deviennent le reflet obscène d’une civilisation incapable de penser l’altérité autrement que comme une menace. De cette confrontation naît une odyssée de la haine, une fresque noire où s’érige le portrait grinçant d’un monde qui fabrique et entretient l’intolérance, autant qu’il la subit."
"Phil Mulloy s’attarde moins sur les Zogs eux-mêmes que sur la réaction humaine : sans nuance, sans questionnement, sans la moindre pitié, la différence devient immédiatement le terreau d’un rejet viscéral. Il ne s’agit pas tant d’un conflit interstellaire que d’un réflexe primitif, d’un refus absolu de ce qui vient ébranler les normes établies. Le trait de Mulloy joue d’ailleur sur ce point, en dégraissant la physionomie des Terriens au maximum, jusqu’à avoir une appaence squelettique."
"La satire atteint alors une intensité rare. Plus le monde avance, plus il régresse. Même les symboles de renaissance sont vides de sens, emportés dans une boucle absurde. Mulloy clôt sa trilogie sur une note faussement lumineuse : un recommencement illusoire, une paix impossible, une image trop parfaite pour appartenir au réel. L’absurdité triomphe, et le spectateur, malgré lui, en reste prisonnier. En définitive, la trilogie Intolérance s’impose comme une fable cruelle, mais ludique, sur la répétition tragique des erreurs humaines. Elle pointe du doigt le cycle sans fin de l’intolérance, cette pulsion de rejet qui se transmet d’une génération à l’autre, toujours justifiée, jamais remise en question."
Retrouvez ma critique complète sur Le Mag du Ciné.