Iron Sky : The Coming Race (Timo Vuorensola, Finlande, 2019, 1h30)

Après avoir fait le tour de son sujet avec ‘’Iron Sky’’, Timo Vuorensola revient 7 ans plus tard avec une suite directe, ‘’Iron Sky : The Coming Race’’. Ce qui était à craindre est une redite du premier volet, et un risque de tourner en rond. Après tous, les Moon Nazis et la réflexion sur notre monde en perdition c’était marrant, mais y-a-t-il un réel intérêt à proposer une suite ? Ben étonnement la réponse est oui, puisque le film part dans un délire encore plus profond…


Gros trip en forme de maelström pop culturel, dont les références sont identiques au premier, ‘’Iron Sky : The Coming Race’’ marque les débuts d’une nouvelle mythologie, avec le ‘’Iron Sky Universe’’, parodie évidente du ‘’Marvel Cinematic Universe’’. Pour se faire, les mecs sont parti loin… Mais loin… Brassant tout et n’importe quoi, de la plus foutraque des manières… Mais, avec une nature S-F cohérente, qui permet de valider tous les choix, afin de rendre l’ensemble franchement jouissif.


De la Chrétienté à Steve Jobs, le métrage vient interroger sur les dangers de la foi aveugle. Présentant une secte dont le Dieu est le co-créateur d’Apple, où son église est un Apple Store, et la Bible l’I-phone. Extrémistes religieux, ils vouent un culte à la technologie en circuit fermé, où toute tentative de personnalisation est punie de mort. Il faut le voir pour le croire, car même sous le prisme du délire, ça vient rappeler une certaine réalité de notre époque. Où des badauds font la queue des heures durant pour pouvoir s’offrir un téléphone portable à 1000 balles… "I Believe in Steve !"


Ensuite ça brasse, ça brasse et ça brasse. De la théorie de la Terre creuse,à la quête du Saint Graal, en passant par les reptiliens et une version alternative du darwinisme où Adam et Eve sont en réalité deux macaques, cobayes des expériences du frère d’Hitler, puis le retour de ce dernier chevauchant un T-Rex, le film part loin, très loin… D’aucuns diront trop loin… Mais sous couvert de son sceau S-F, et de son univers étrangement cohérent, et bien ça passe. C’est même presque prenant tellement c’est débile et insensé.


N’oubliant jamais d’être drôle, ‘’Iron Sky : The Coming Race’’ pousse encore plus loin les réflexions et les thématiques du premier opus. Les références à la déliquescence du monde actuel, que l’on pourra certainement un jour nommer ‘’l’ère Trump’’ (ces 4 années où l’absurdité de nos sociétés capitalistes nous aura sauté à la gueule de manière brutale), sont nombreuses.


Ainsi, en plagiant ouvertement ‘’La Cène’’ de De Vinci, le film étale son bestiaire de bad guys, des reptiliens vivant terrés au cœur de notre planète, dont les noms vous rappelleront sans doute quelques personnages tristement célèbres de notre histoire commune : Caligula, Gregoire VIII, Genghis Khan, Staline, Adolf Hitler, Mao, Amin Dada. Margaret Thatcher, Vladimir Poutine, Ousama Ben Laden, Mark Zuckerberg, Sarah Palin et ce bon vieux Kim Jong-Un.


Donnant dans la générosité, avec une volonté de claquer visuellement, ce second volet se place vraiment dans la continuité de son prédécesseur, en étoffant une mythologie complètement à l’ouest, mais totalement jouissive. Enchaînant les scènes de bagarre, et les combats spatiaux, sans jamais perdre la perspective de sa nature d’objet S-F. Se permettant ainsi toutes les audaces possibles, pour venir nourrir la soif d’hallu’ rétiniennes déviantes de nos cerveaux malades, de spectateurs en mal d’originalité cinématographique.


À prendre comme un objet de son époque, avec le recul qui s’impose pour pouvoir s’éclater avec, cette proposition culottée vient coller quelques taquets à droite et à gauche dans la gueule de nos chères élites. Celles là-même qui a trop vouloir gagner un jeu où chacun possède ses propres règles, sont en train de rendre le monde encore plus invivable qu’il ne l’était déjà.


À l’aube d’un Nouvel Ordre mondiale, au déclin déjà amorcé de nos sociétés occidentales, où plus grand chose ne fait sens, et où les élus sont des robots monolithiques répétant inlassablement la même comédie de surface, ‘’Iron Sky : The Coming Race’’ est comme un bol d’air. Une catharsis alambiquée complètement What the Fuck ?, un défouloir inattendu, et un petit film de Science-Fiction qui parvient à faire la nique à n’importe quel ‘’Avengers’’, saga de référence de notre ère. Comme on dit, on a les œuvres que l’on mérite…


Au vu de la dernière scène, et selon le réalisateur, une suite est déjà en chantier, et promet de passer à une étape supplémentaire. S’il parvient à repousser encore un peu plus les limites de l’univers ‘’Iron Sky’’, on est alors en droit de s’attendre à un nouveau délire ubuesque. En espérant que ça prenne moins de 7 ans… Do skoroy vstrechi !


-Stork._

Peeping_Stork
7
Écrit par

Créée

le 7 avr. 2020

Critique lue 983 fois

1 j'aime

2 commentaires

Peeping Stork

Écrit par

Critique lue 983 fois

1
2

D'autres avis sur Iron Sky 2

Iron Sky 2
RedDragon
6

"Zieg Heil, Mutterfickers!"

Iron Sky figurait déjà parmis les films les plus déjantés du genre, des Nazis planqués sur la face cachée de la lune qui menacent la terre 70 ans plus tard avec des soucoupes volantes. Iron Sky 2,...

le 17 août 2019

5 j'aime

2

Iron Sky 2
Stiod
3

Les blagues les plus longues sont les moins courtes

En vrai c'était chiant. J'ai beaucoup aimé le premier, parce que si la comédie n'était pas incroyable, j'ai quand même ris quelques fois, il y avait beaucoup de messages pertinents et bien amenés, un...

le 31 mai 2020

3 j'aime

Du même critique

The Way Back
Peeping_Stork
10

The Way Back (Gavin O’Connor, U.S.A, 2020, 1h48)

Cela fait bien longtemps que je ne cache plus ma sympathie pour Ben Affleck, un comédien trop souvent sous-estimé, qui il est vrai a parfois fait des choix de carrière douteux, capitalisant avec...

le 27 mars 2020

16 j'aime

6

Gretel & Hansel
Peeping_Stork
6

Gretel & Hansel (Osgood Perkins, U.S.A, 2020, 1h27)

Déjà auteur du pas terrible ‘’I Am the Pretty Thing That Lives in the House’’ pour Netflix en 2016, Osgood Perkins revient aux affaires avec une version new-Age du conte Hansel & Gretel des...

le 8 avr. 2020

13 j'aime

2

The House on Sorority Row
Peeping_Stork
9

The House on Sorority House (Mark Rosman, U.S.A, 1982)

Voilà un Slasher bien particulier, qui si dans la forme reprend les codifications du genre, sans forcément les transcender, puisqu’il reste respectueux des conventions misent à l’œuvre depuis 3 ans,...

le 29 févr. 2020

10 j'aime