Sous ses apparences de teen movie horrifique, It Follows de David Robert Mitchell surprend par une maîtrise rare de la tension et une atmosphère à la fois poisseuse et étrangement sereine.
J’ai rarement été aussi hypnotisé par un film. Dès l’introduction, avec ses éclairages de phares perçant l’obscurité de façon originale, ou encore ces plans tournants à 360°, Mitchell impose une mise en scène inventive et anxiogène, qui capte immédiatement l’attention. Certains moments plus posés dégagent même une ambiance flottante, presque irréelle, qui évoque de faux airs de David Lynch, comme si le temps s’y suspendait.
Ce qui m’a le plus marqué, c’est le contraste entre la lenteur de la menace – inévitable, mais jamais spectaculaire – et le ton du film, profondément mélancolique, sans emphase ni sursaut. Même les scènes de sexe, souvent stéréotypées dans ce genre de pitch, sont ici réduites à une fonction mécanique, sans émotion. Les meurtres, eux, sont presque invisibilisés, comme le prolongement d’une malédiction sourde.
Le casting reste assez moyen, hormis Lily Sepe, qui dégage une vraie présence. Et si le concept est solide, j’aurais aimé que le film explore davantage son univers – un point que Mitchell développera brillamment dans Under The Silver Lake.
Un film singulier, tendu et désespérément calme, porté par une vraie originalité formelle et une peur qui s’installe sans jamais vraiment partir.