Mention : Très bon

C'est frappant comme "It Follows" se distingue par rapport à l'ensemble des films d'épouvante de ces dernières années. On peut expliquer cette distinction en deux points :

Premier point, "It Follows" a un vrai propos. Il s'agit d'un film indépendant avec tout ce que ça a de bon. Nouveau portrait d'une Amérique profonde, loin des clichés clinquants. Authentique figuration d'une jeunesse livrée à elle même. La ville de Detroit situe encore très bien la mélasse cachée derrière le rêve américain, aussi subtil qu'avec "Only Lovers Left Alive".
Le récit très allégorique nous lie rapidement à ces laissés-pour-compte. C'est une bande de jeunes ados en perdition qui porte ce portrait. Depuis "Virgin Suicides" on a beaucoup vu ce profil d'une jeunesse qui se cherche (Spectacular Now, Martha Marcy May Marlene, Juno, et bien d'autres...). Ça sonne encore très juste. Notamment parce que cette bande va guider les intentions illustrées par ce film.
La malédiction est d'abord présentée comme une fatalité, là est le sens profond de l'allégorie de la maladie sexuellement transmissible. Où on pouvait s'attendre à une lourde leçon sur les dangers du sexe, on ne trouve qu'une ode à l'amour légèrement ronflante. Lorsque Jay a encaissée l'horreur et qu'elle finit par tout dévoiler à ses amis, "It Follows" se construit avec ses personnages. La solidarité entre eux est tout de suite frappante. C'est ce qui va faire basculer l'intrigue de fatalité horrifiante à combat déterminé. En somme cette malédiction est la représentation cauchemardesque d'une misère pas si enracinée. La combativité des protagonistes face à l'adversité est pleine de bon sens.

Second point, le film est un vrai retour aux sources au cinéma de genre. Un hommage à l'univers de John Carpenter non dissimulé et complètement réussit. Musique de synthétiseur électronique parfaitement anachronique et décalée pour souligner la tension, looks improbables, jeu de caméra précisément approximatif. Comme il y a quelques semaines avec "Cold in July" le style très codifié de Carpenter est repris avec maitrise. "It Follows" puise dans toute sa forme l'allure du genre qui a tant fait frissonner dans les années 80, jusque dans les bases du récit. Les Jump Scare sont carrément efficaces et gardent une certaine crédibilité. Esthétiquement aussi "It Follows" est fascinant.

Note : 15 / 20
adamkesher01
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes 2015 : Top 60 spéculatif, Ma DVDthèque, Carnet de bord 2015 et Les meilleurs films de 2015

Créée

le 12 févr. 2015

Critique lue 489 fois

3 j'aime

Adam Kesher

Écrit par

Critique lue 489 fois

3

D'autres avis sur It Follows

It Follows
Kogepan
8

Miii ._. (ou : les aventures d'une souris devant un film d'horreur)

Je ne regarde pas beaucoup de films d'horreur. J'ai les bases, j'aime bien occasionnellement me poser devant un bon gros film terrifiant avec une bière, un coussin (très important, le coussin) et mon...

le 11 févr. 2015

134 j'aime

9

It Follows
Velvetman
8

Only monster forgives

Où sommes-nous ? Ce bruit assourdissant, dissonant, qui nous parvient à la vue de ce quartier pavillonnaire tout droit sorti de Blue Velvet ou Donnie Darko. Une jeune adolescente peu vêtue sort de...

le 5 févr. 2015

117 j'aime

8

It Follows
Sergent_Pepper
7

Suivre et survivre

C’est sur un éblouissement propre à séduire le cinéphile peu connaisseur du genre que s’ouvre It Follows : une superbe leçon de mise en scène. Le plan séquence initial, tout en lenteur circulaire,...

le 15 juin 2015

115 j'aime

11

Du même critique

Hunger Games : La Révolte, partie 1
adamkesher01
6

Katniss Everdeen et l'Ordre du Gai Moqueur

Après l'embrasement, les cendres. Dans un rythme et un ton différent des deux premiers épisodes, ce troisième opus tient le fond et la forme de la saga. La double romance prend déplorablement de...

le 22 nov. 2014

24 j'aime

1

3 cœurs
adamkesher01
3

Vérité nulle

Tout ce que la bande-annonce de "3 Cœurs" laissait présager de mauvais y est. Un récit formaté et bâclé à la fois, des acteurs enfermés dans des rôles extrêmement redondants et une mise en scène...

le 20 sept. 2014

22 j'aime

11

Les Profs
adamkesher01
3

Bande déchainée

«J'ai avoué avoir écrit ce film avec un prof de français mais il n'empêche qu'il est très con» Voila les dires, rassurants je trouve, qu'avaient Pierre-François Martin-Laval pour lancer la toute...

le 4 mars 2013

18 j'aime