Chaque année un ou quelques films indépendants tout droit sortis du festival du Film Fantastique de Gérardmer se font connaître et encenser par tous, par la critique comme par les spectateurs. Parfois ces louanges sont légitimes, parfois moins… et cette année l’un des heureux élus s’appelle "It Follows".


"Prenant et angoissant", "Magnifiquement inventif", "Ultra flippant" ou encore "Sublime", telles sont les éloges que l’on peut lire sur l’affiche de "It Follows", le film d’épouvante indépendant qui a pas mal fait parlé de lui en début d’année, notamment grâce à ses nombreuses récompenses et à son pitch intéressant : une jeune fille, Jay, choppe une malédiction après avoir couché avec un garçon, et une étrange chose d’apparence humaine qu’elle seule peut voir la suit en marchant, voulant à tout prix la tuer. Le film se concentre sur la recherche d’une solution au problème par Jay et sa bande d’amis.
Et cette transition va me permettre de toucher au principal problème de ce film, ses personnages.


Dans "It Follows", tous les personnages sont insupportables, clichés, idiots et dépourvus de logique, il faut le voir pour le croire. Entre l’héroïne, cette gamine à peine sortie du lycée qui pleure toutes les cinq minutes et qui enchaîne les mauvaises décisions, le garçon qui a le béguin pour elle et où c’est écrit sur son front qu’il va se la farcir à la fin du film ou encore l’autre andouille qui accepte de coucher avec Jay juste pour voir si elle dit la vérité, on tient ici une belle brochette de vainqueurs.
Oh pardon j’ai écrit que la bande d’amis cherchait une solution à la malédiction ? Je me suis trompé, en réalité le film ressemble plus à ça :


"Ok, une créature mystique poursuit Jay en marchant et pour qu’elle disparaisse il faut que Jay couche avec quelqu’un. Qu’est-ce qu’on fait ? Eh ben allons dans le chalet de mon père au bord de la mer, restons là-bas en attendant que la créature se radine et tirons avec mon flingue sur des paquets de céréales !"


Et ce n’est qu’à la fin du film qu’un personnage pense à faire la chose la plus logique de tout le film : aller voir les prostituées. Enfin un acte de bon sens ! Et encore ce n’est même pas sûr qu’il y soit vraiment allé quand on voit le dernier plan du long-métrage.


Les personnages sont à se taper la tête contre les murs. On a l’impression de regarder une bande d’adolescents tentant vainement de prouver qu’ils sont adultes alors que ça n'intéresse personne. Et les seuls vrais enfants qui sont dans le film sont des voyeurs en puissance.
En bref, un manque d’empathie flagrant se fait ressentir par rapport aux personnages, un manque qui a des conséquences sur la peur dans le film, une peur quasi inexistante. Comment peut-on avoir peur pour des personnages pour lesquels on ne ressent absolument rien ? A la fin je voulais que la créature gagne, c’est dire. Une scène est efficace dans le film, une scène pour 1h40 c’est un peu maigre.


Et puis où sont les parents dans ce film ?! Sérieusement ils n’ont pas de parents pour les surveiller ces gosses ? Ok ils sont étudiants mais même quoi ils vivent encore chez leur parents. Ces jeunes font tout ce qu’ils veulent, c’est insensé. Vas-y qu’on se tire au milieu de la nuit en pyjama pour partir en voiture je ne sais pas où sans prévenir personne, qu’on passe la nuit dans des bâtiments abandonnés avec des amis, qu’on se trouve à l’hôpital et que les seules personnes qui viennent nous voir sont nos amis.
Encore pendant un moment je me suis dit que c’était peut-être un parti prit du film de montrer que les jeunes sont livrés à eux-mêmes, comme un hommage aux films des années 1980 comme j'avais pu le lire ici et là, jusqu’à ce que j’arrive à la fin du film où l’on voit la mère de Jay qui la console dans son lit, mais où t'étais tout le long du film toi ?!


Et puis je blâme les parents mais les gosses ne sont pas mieux : "Ne dis rien à maman, ne prévient pas les parents ils ne me croiront pas !". Euh... ce sont tes parents pas tes ennemis, à moins qu'ils soient de très mauvais parents ils vont tout faire pour t'aider, normalement.


Et encore une chose : où sont les policiers ?! Au début du film tout se passe bien, ils interviennent pour ce qui est arrivé à Jay, ils font le job, mais après pouf, disparition ! L’enquête n’a rien donné je suppose. Ce n’est pas comme si il y avait à un moment du film un cadavre (le champion dont je parlais il y a quelques phrases) et une vitre cassée dans la maison d’en face de celle de Jay. D’ailleurs c’est rigolo de voir la vitre en question toujours cassée un peu plus tard dans le film, genre tout le quartier et la police s'en fichent, personne ne vient voir ce qui se passe, même pas la mère du cadavre qui habite normalement la maison en question…


"It Follows", plus qu’un film aux personnages idiots, c’est un film sans personnalité arborant un style hipster vieillot dans les vêtements et dans les accessoires mélangé à notre société moderne. Mais ce mélange sensé être "stylé" et montrer à quel point le film est un hommage ne fait que le rendre plus insupportable.


Ce qui est dommage car les thèmes et ses différentes interprétations sont intéressants, mais ils servent malheureusement des personnages d’une débilité sans nom et une histoire où rien ne se passe.


"It Follows" c’est également ennuyeux car ultra-prévisible, cela étant dû notamment aux actions des personnages, faisant deviner la fin au bout d’une heure de film.


La musique n'a rien, ça tente de faire du Carpenter sauf que le résultat n'a pas d'âme, je vous jure ce thème principal dégueulasse...


Au final, "It Follows" est un film creux, creux dans ses personnages, dans son histoire et dans son traitement. Les acteurs ne dégagent rien, le scénario est basique, seule la réalisation plutôt belle sauve l’œuvre de la noyade même si le film avait déjà bien bu la tasse, un film qui je pense, dans son style et sa façon de traiter ses thèmes, n'était clairement pas pour moi.
Ce qu’il faut retenir, c’est que même si l’attention est louable, un hommage n’a jamais fait un film et qu'il ne faut pas toujours se fier à l'affiche d'un long-métrage :



  • "Magnifiquement inventif" ? Répétitif et prévisible.

  • "Prenant et angoissant" ? Long et quelconque.

  • "Ultra flippant" ? Ultra banal.

  • "Sublime" ? Beau mais malheureusement qu'au niveau du visuel.

Tocotoc
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le 25 juin 2015

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