J'ai perdu mon corps
7.4
J'ai perdu mon corps

Long-métrage d'animation de Jérémy Clapin (2019)

Ce film a réussi à me surprendre.
Je m'attendais à un film atmosphérique et mélancolique. Je m'attendais à une série de flashbacks sur le parcours d'un homme et un regard plein de regrets et de petites joies. Je m'attendais à une animation charmante au style particulier, et à un ton adulte.


Tout cela, je l'ai eu, et même plus encore. Je me suis vraiment laissée emporter par cette histoire toute simple, tellement banale et pourtant, quelque part, essentielle.
En effet, derrière la banalité de la vie, on retrouve ce qui en fait son intérêt : le regard humain et artistique.


Loin de l'histoire d'amour qui tourne mal, on suit un homme, rempli d'images du passé, rongé par le remord, complètement perdu entre ses aspirations et la dure réalité.
Dans le parcours de cette main séparée de son être, on assiste à une lutte pour la survie, et même simplement pour la vie, un désir de se retrouver, d'être réuni.
Sans rien révéler, ce combat, c'est aussi celui de Naoufel, jeune homme à la vie très simple, complètement enfermé dans sa tragédie et ses souvenirs d'enfance, déprimé et relativement apathique, et qui retrouve une étincelle dans le regard en rencontrant Gabrielle, jeune femme terre-à-terre et empathique.


C'est là où le film prend toute sa dimension, en nous rappelant de plein pied à la réalité de la vie, à quel point elle est remplie de petites joies et de gros coups durs. Que rien ne se passe comme nous l'avons prévu, ou plutôt comme nous l'aurions souhaité.
Le voyage de la main, c'est ce combat pour se retrouver, pour avoir un autre regard sur notre passé, sur les difficultés que nous avons traversé. Pleinement métaphorique, son parcours jusqu'à une destination que je ne dévoilerai pas trouve tout son sens plus on en apprend sur l'histoire de Naoufel.

La force de ce film, ce n'est pas réellement de tromper nos attentes, mais de prendre la voie de la dure réalité, pas de l'idéal rêvé, tout en gardant la porte ouverte vers un avenir meilleur.


Un film qui se dévoile peu à peu, qu'on ne comprend réellement que lors du dernier acte, et dont le sens se dévoile en pleine lumière pour nous ouvrir les yeux sur le voyage auquel nous venons d'assister, et dont on se repasse les moments précédents, et d'y trouver un autre sens.


Une superbe expérience que ce "J'ai perdu mon corps", avec un tout autre sens que je m'étais imaginé, et dont je me souviendrai encore longtemps.

Therru_babayaga
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs films de 2019

Créée

le 26 nov. 2019

Critique lue 267 fois

5 j'aime

Therru_babayaga

Écrit par

Critique lue 267 fois

5

D'autres avis sur J'ai perdu mon corps

J'ai perdu mon corps
Grimault_
7

Deux mains, c'est loin

Après Les Hirondelles de Kaboul dans la sélection Un Certain Regard, J’ai perdu mon corps est le deuxième film d’animation français à faire parler de lui lors de ce Festival de Cannes 2019, pour la...

le 18 mai 2019

63 j'aime

8

J'ai perdu mon corps
Behind_the_Mask
8

Parler avec les mains

Cinq doigts qui forment et supportent une main. Qui se déplace comme une araignée. Mais avec trois pattes de moins. Une main douée de vie qui s'évade d'un hôpital, pour sentir sous ses doigts la...

le 20 nov. 2019

33 j'aime

2

J'ai perdu mon corps
Tibulle85
9

Un pari remporté haut la main!

(Vu en avant-première au Forum des images) L'animation française m'étonnera encore et toujours en bien en pondant régulièrement des pépites à partir de budgets riquiqui (Tout en haut du monde, La...

le 5 juil. 2019

32 j'aime

Du même critique

Old
Therru_babayaga
2

Les rivages de la vieillesse

Cher Monsieur Shyamalan, Vous savez, je n'ai rien contre vous à la base. "The Sixth Sense", "Unbreakable", "The Village", voilà, ce sont des films devant lesquels j'ai passé un bon moment. La fin...

le 22 juil. 2021

37 j'aime

Le Peuple Loup
Therru_babayaga
10

Mná na hÉireann

Jeune Robyn d'Angleterre, petit moineau à l'esprit aventureux et au tempérament fougueux, mais enfermée en cage par l'amour d'un père et la cruauté inhérente au monde. Sauvage Mebh d'Irlande,...

le 10 janv. 2021

22 j'aime

1

Dernière Année
Therru_babayaga
8

You got this, Kayla.

Ce film a causé des flashbacks. Des flashbacks durs à regarder en face. Je me suis retrouvée plongée à nouveau dans cet âge difficile où tout semblait possible et où rien n'allait en même...

le 10 mars 2019

19 j'aime