"Saving private Ryan",part one.54 ans avant "Il faut sauver le soldat Ryan" de Steven Spielberg,ce film,sorti en France en 45 sous le titre "J'avais cinq fils",s'inspire de la même histoire vraie.Et ce qui est frappant est de constater à quel point les deux oeuvres n'ont pourtant rien à voir.Déjà,chronologiquement,le film de Spielberg commence à peu près là où s'achève celui de Bacon,lequel en est quasiment la prequel.Ce qui entraîne le fait que les deux films n'appartiennent pas au même genre."Ryan" est un film de guerre,alors que "The Sullivans" relève de la chronique sociale tendance mélo.Du coup,la version 98 est un blockbuster friqué et spectaculaire,tandis que le modèle 44 fait simplement partie de ces oeuvres de propagande qu'Hollywood produisait à la chaîne à cette époque afin de soutenir l'effort de guerre américain.Même l'adaptation de l'histoire originale diffère dans la mesure où "The Sullivans" en reste proche alors que "Ryan" brode allègrement en inventant des péripéties totalement fictionnelles.Pas question ici de commando chargé de sauver le dernier survivant des cinq fils Sullivan vu qu'il n'y a pas eu de survivant,les gars s'étant tous fait étaler en même temps.On peut vérifier à cette occasion qu'une retranscription fidèle des évènements ne s'avère pas forcément supérieure à une libre adaptation,le film de Spielberg étant bien meilleur que la première version.Nous assistons ici à une trop longue première partie nous narrant l'enfance de la fratrie Sullivan.Il s'agit d'une bande de gamins crétins et excités qui passent leur temps à accumuler les conneries et les bagarres.Quand ils ne se castagnent pas avec les autres gosses du quartier,ils se battent entre eux.Tout ceci sous l'oeil bienveillant de leurs parents,un cheminot bouffi faussement sévère et réellement débonnaire,et une vieille desséchée si laxiste avec les mômes qu'on jurerait qu'elle a lu Françoise Dolto avant que celle-ci ne publie.Pas sous l'angle féministe cependant car la mère et sa fille,il y en a une au milieu de tous ces garçons,servent volontiers de bonniches aux hommes de la famille.Cette partie est traitée de manière tragi-comique par Lloyd Bacon,un tâcheron de l'ancien Hollywood qui assure une réalisation fonctionnelle et impersonnelle.Le but est de nous présenter une image idyllique de la famille américaine type.Une tribu modeste,d'origine irlandaise,catholique,ayant beaucoup d'enfants,et dans laquelle,au-delà des problèmes et des disputes,on reste toujours solidaires.La seconde partie nous montre les frères Sullivan devenus de jeunes adultes.Ils vivent encore chez leurs parents et sont toujours aussi cons.Au point qu'à la suite de l'attaque japonaise sur Pearl Harbor,ils se précipitent tous les cinq au bureau de recrutement afin de s'engager dans la Marine,avec la bénédiction de leurs parents et de l'épouse du plus jeune des frangins,qui est marié et père de famille.Deuxième étage de la fusée:glorification de l'Amérique éternelle,patriotique et belliciste,à travers cette famille qui en est la parfaite incarnation.Arriveront vers la fin deux ou trois scènes sur un bateau pendant la Guerre du mal nommé Pacifique,qui verront la liquidation de la fratrie.La conclusion vaut son pesant de beurre de cacahuète,avec l'officier qui vient chez les Sullivan leur annoncer l'horrible nouvelle.Une fois le choc encaissé,le père annonce qu'il part au boulot " car il n'a jamais manqué une journée de travail".La mère retourne dans sa cuisine faire du café,la belle-fille repart s'occuper de son bébé.Quant à la fille,on verra à la fin qu'elle s'est à son tour engagée dans la Navy,même si on peut supposer que l'état-major,jugeant que ça suffisait comme ça,a évité de l'envoyer au casse-pipe.Morale de l'histoire:"vous avez compris,vous les enfoirés de japs et autres ennemis des USA,de quel bois on se chauffe?Vous pouvez nous agresser,nous faire mal,vous ne nous briserez jamais!".Bien entendu,l'état du Monde et de la société étaient bien différents en cette fin de Deuxième Guerre Mondiale de ce qu'ils sont aujourd'hui,et il est facile,dans l'univers confortable et pacifié qui est le nôtre de se gausser de ce genre de films,mais il faut bien admettre qu'avec le recul il rate son objectif et démontre le contraire de ce qu'il entendait promouvoir,même si ça a sans doute marché à l'époque.Malgré la terrible tragédie qui frappe cette famille,on ne parvient pas à s'en émouvoir tant les frères Sullivan semblent ridicules.Ils ont juste l'air de gamins pas finis qui,peu différents des ados actuels asservis aux jeux vidéo,envisagent la guerre comme une vaste partie de rigolade,une sorte de prolongement de leurs jeux d'enfants.Ils auront même poussé la débilité à intriguer pour servir sur le même navire,et ce contre l'avis de la Marine,qui voulait les affecter dans des unités différentes,ce qui aurait probablement permis à certains d'entre eux de rentrer au pays au lieu qu'ils aillent se faire dégommer tous ensemble.Les acteurs enfants,que Bacon a visiblement négligé de diriger,surjouent de manière atroce et insupportable,mais les Sullivan adultes sont plutôt bons,alors qu'Anne Baxter et Trudy Marshall sont vraiment très jolies.Remarquons qu'un des comédiens,clin d'oeil prémonitoire à Spielberg par-delà les décennies,se nomme Edward...Ryan!

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le 18 mars 2018

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