Jackie Brown est le film qui a fait changer la perception du spectateur envers Quentin Tarantino. Avant, Tarantino était un réalisateur "cool". Le réalisateur de Reservoir Dogs, Pulp Fiction, scénariste et acteur dans un film de vampires : Une nuit en enfer. Fan de séries B, de films de kung-fu, de westerns spaghetti entre autres, il a su élever la culture pop au rang d'art avec les films mentionnés plus haut.
Et puis arrive Jackie Brown fin 1997. Ici pas de digressions sur les hamburgers, les séries télés, les pieds, les super-héros qui reflètent les propres préoccupations de Tarantino. Pas de dialogues percutants, de violence exacerbée. Non, pour Jackie Brown, il adapte un bouquin, celui de Elmore Leonard (et non pas Herbert) "Rum Punch" et le transforme en un film noir rendant hommage à la blaxploitation avec Pam Grier dans le rôle principal qui en était une des icônes.
Film noir, qui prend son temps. Encore un film long, d'une durée de deux heures et demie, avec un puzzle diabolique qui se met minutieusement en place avec en point d'orgue l'échange des valises dans le supermarché, parfait exemple d'une multiplication de points de vue sur une même situation, et réalisée de manière virtuose. Tarantino, qui affectionne ce procédé, ayant déjà fait de même dans Pulp Fiction avec le bar qu'attaque Tim Roth et où se restaurent Jules et Vincent. Normal que les fans aient été déroutés.
Tarantino gagne ses galons de vrai cinéaste, dirige parfaitement Samuel L. Jackson, Pam Grier, Michael Keaton, Bridget Fonda ou encore Robert de Niro malgré une VF un peu chelou et étonne avec un film mûr. C'est à se demander si ce joyau ne serait pas son meilleur film.