Dans Jacky au royaume des filles, les aficionados de Riad Sattouf retrouveront avec bonheur la dystopie politique chère à l'auteur de Pascal Brutal. Car ce film n'est pas qu'une simple comédie mais une véritable critique de la domination d'un genre sur un autre et de la croyance dogmatique aussi absurde qu'elle soit. Il ne faut pas s'étonner alors de voir l'histoire prendre une tournure sérieuse par moment qui sert autant le récit que le propos du cinéaste.

Mais si le fond touche par son détail et sa rigueur (les hommes ne sont pas féminisés mais véritablement infantilisé, les femmes ne campent pas des rôles d'hommes mais de dominatrice parfois prédatrices), la mise en scène n'est pas en reste, accentuée par la froideur d'une image numérique qui se prête volontiers à l'univers de ce pays imaginaire, à mi-chemin entre la Corée du Nord et l'Afghanistan. La musique originale et rock apporte la fraicheur et la touche personnelle du dessinateur de BD, qui n'a pas non plus perdu son sens des couleurs et du cadre.

Sattouf s'autorise même une séquence véritablement kubrickienne, lors de la scène de prière des jeunes vierges, confondante de beauté mêlée de malaise.
Il faut donc saluer un film ambitieux, observateur, à l'humour doux-amer et servit par un casting impeccable.
HugoMartel
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le 10 nov. 2013

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