Jaguar Force
3.6
Jaguar Force

Film de Poon Yung Man (1981)

Que dire sur un film qui s’est fait sa réputation de «mauvais film sympathique» par la force de son unique doublage. Tout bon nanardeur a en effet déjà vu un extrait de cette pépite orientale, où un homme debout face à son tragique destin crie de toute ses forces «Mais Pourquoi … pouurrquoiiii»

Le ton est ainsi donné vous avez affaire à un film aux dialogues tout pourris et surtout mal synchronisés. Il n’y a qu’à voir les mouvements des lèvres. Même Stevie Wonder ferait un bien meilleur doubleur. Au point que ce film c’est un peu la hantise des professionnels français. Le truc à éviter si on ne veut pas faire partie du tableau de chasse de Nanarland. Considéré comme le pire doublage au monde. L’une des raisons les plus probable serait un doublage local par la firme IFD ; d’où le côté approximatif et surtout les accents tour à tour franco-anglais et à tendance des iles (mention spéciale au Chef de la police).

Mais au font de quoi il s’agit, qu’est-ce qui a causé cette tristesse et ce désarroi sur ce pauvre homme. Voilà au fond le vrai sujet du film et non son histoire poussive de conquête de territoire, sans réel enjeu. D’ailleurs la trame est incompréhensible à la première vision.
Recruté pour infiltrer l’organisation, Chin Yung constitue «un groupe spécial d’expert et d’élite» constitué «d’une équipe de 4» (pas un de plus) afin de mettre un terme à tous ces redoutables agissements.
Il y’a un expert des «troupes de choc», une «spécialisé dans le pistolet», un autre «qui connait la triade, le milieu mais maintenant il a rejoint la police» et la dernière «experte en karaté, employé au 2ème bureau comme professeur de Karaté.»

- «Vous avez établi un plan d’action?
– «Nous savons que c’est une bande internationale… ils ont l’avantage…pour lemoment…nous devons découvrir…leur but, force, méthode et leur plan… alors j’ai mon plan… j’ai l’intention de… les effrayer… en employant leur propre méthode.»*
(Les enjeux de cette mission sont posés, place au spectacle).

Avant son recrutement, l’élément déclencheur c’est donc cette série de règlement de compte au 4 coins du monde auquel la police a du mal à faire face : A Tokyo (exécution au sabre), dans un bar de San Francisco (corps à corps), à Singapour (rasoir) et à Taiwan (mitraillettes) histoire de bien prouver qu’il s’agit d’un crime organisé.
Vous noterez que tout marche par 4, allez savoir pourquoi.
Cette séquence d’introduction et de mise en place du récit rend déjà l’action illisible avec des plans de nuit sous exposés. Tendance graphique de son auteur-réalisateur qui en fait en quelque sorte son image de marque, avec aussi son penchant opposé.
Victime aussi d’un recadrage horrible (sans doute un scope réduit en pano) ; habituel à cette époque pour convenir au format vidéo des VHS et téléviseur.

L’infime intrigue n’aurait pas vraiment d’intérêt sans la petite famille du héros, délaissé par ce dernier au profit de missions qu’on devine secrète (vu qu’on a très peu d’indices en somme). Sa petite fille Nan-Lan le reconnait immédiatement grâce à la photo que sa maman Tchin-Tchin avait déposé sur sa table de nuit («Mais c’est mon papaaaa»).
Alors que cela fait 4 ans (encore ce chiffre !!! Elément qu’on append avec son collègue qui l’accueille à l’aéroport).
Les dialogues sont incroyables entre les 2 tourtereaux, toujours ponctués de blanc et de mots hachés; comme-ci un prompteur leur faisait réciter le texte au fur et à mesure.
Ces moments sont tout simplement les meilleurs du métrage et par déduction les seuls indispensables. Sinon l’intrigue polar n’a guère d’intérêt. Elle a une triste résolution à ce propos (Pas de spoiler).
Ce film n’est donc pas à la portée de tous et il est recommandé d’avoir une véritable approche ainsi qu’une culture du nanar. Sinon mieux vaut regarder les extraits qui pullulent la toile.


* Note de l’auteur : Tous les passages entre guillemets sont des propos reportés par Chin Yung aussi fidèle que possible (pas évident de tout comprendre et tout assimilé).

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Auteur : Colin
LeBlogDuCinéma
6
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le 8 sept. 2012

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