On dit souvent que le western est un genre mort dont les lettres de noblesse ont été écrites il y cinquante ans. Pourtant, le genre a perduré ponctuellement et devrait regagner en importance dans les prochains mois. Des Huits Salopards à Slow West à Jane Got a Gun en passant par les futurs The Sisters Brothers de Jacques Audiard ou Forsaken avec les Sutherland père et fils, le colt à six coups n’a jamais été aussi bien porté à la ceinture qu’en ce moment.


Jane Got a Gun (titre en référence à Johnny Got His Gun de Dalton Trumbo sorti en 1971) raconte comment une jeune femme, Jane, a pris les armes après avoir recueilli son mari criblé de balles pour faire face à une bande de cowboys prêts à en découdre. Pour lui venir en aide, elle se voit contrainte de faire appel à son ex-compagnon avec qui elle a eu une belle histoire mais qui ne lui adresse plus la parole.


Comme tous les westerns classiques dont il revendique l’héritage à l’écran, ne cherchant jamais à proposer quelque chose de fondamentalement différent, Jane Got a Gun a un pitch court et simple : une histoire qui doit se terminer en fusillade, faisant en sorte que tout ce qui se passe avant soit lié à la préparation de celle-ci, comme le proposait notamment en son temps le Train Sifflera Trois Fois. Mais ici il n’est pas question de voir s’affronter un shérif et son némésis mais de montrer qu’une femme peut avoir sa place à une époque et dans une société résolument masculine. Même si Natalie Portman a bien du mal à s’impliquer dans le personnage -surtout dans la première partie- et à rendre son couple crédible, elle campe néanmoins une nouvelle femme forte prête à en découdre et à jouer des coudes pour trouver sa place entre Rey et Furiosa.


Si on n’arrive pas à s’attacher au couple que Portman forme avec Noah Emmerich, son parcours à elle va heureusement se révéler intéressant. Sa relation passée et le chemin qu’elle a fait pour en arriver là vont en effet être raconté à travers une succession de flashbacks montés dans le désordre mais tous très réussis, permettant de donner un peu de corps à un ensemble qui aurait été bien trop léger sans cela. Il est aussi intéressant de voir que tout part d’une histoire d’amour pour se terminer dans les balles et la poudre, quand la plupart des westerns ne font de la love story traditionnelle qu’une intrigue secondaire.


Joel Edgerton, lui, joue particulièrement bien et semble totalement impliqué par son personnage. Et le réalisateur Gavin O’Connor livre un film plutôt joli aidé à la photographie par Mandy Walker. On s’attendait un véritable accident industriel vu comme s’était passé le début de la production mais il n’en est finalement rien et c’est vraiment surprenant. Il faut savoir que le rôle tenu par Ewan McGregor (qui n’a finalement pas tant de temps à l’écran) avait d’abord été confié à Michael Fassbender, qui a jeté l’éponge en route, puis à Jude Law et Bradley Cooper. Le film devait être tourné par Lynne Ramsay, mais la réalisatrice ne s’est simplement pas présentée sur le tournage le premier jour, et a été remplacée à l’arrache par un O’Connor qui avait du temps libre et des idées de dernière minute.


Il en ressort un western très classique, porté par ses acteurs (masculins) impliqués et une réalisation honorable. Jane Got a Gun ne révolutionne pas le genre mais n’en a pas la prétention non plus. Le film se contente d’ajouter une pièce au dossier « le western est toujours vivant » et c’est déjà pas mal.

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le 25 janv. 2016

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