Curieux film qu’est ce sixième volet de la saga Friday the 13th tant il rompt avec les opus précédents, autant par son style que par ses ambitions.


Après un cinquième volet salement ennuyeux qui tentait vainement de trouver une autre formule à la saga en introduisant un autre antagoniste que Jason Voorhees (sans jamais y parvenir), Paramount décide de faire revenir le tueur masqué par un tour de passe-passe à la Frankenstein. Ainsi, Jason Lives fait réapparaître avec humour un Jason mort-vivant surpuissant.


Sauf que voilà, ramener Jason au auto-dérision ne suffit pas pour faire un bon film et c’est pourquoi, Jason Lives dispose de deux armes qui font à mon sens, tout son sel : l’humour et la mise en scène.


Évidemment, les deux vont de pair mais force est de constater que Tom McLoughlin s’est montré très inventif dans sa manière d’approcher le croque-mitaine ainsi que ses victimes. J’aime particulièrement la séquence dans laquelle un joueur de paintball perdu dans les bois se ramasse la gueule trois ou quatre fois dans un seul plan fixe avant de se faire lamentablement repêcher par le tueur. De la même manière, il y a des idées de mouvements de caméra qui permettent quelques moments drôles sans minimiser le danger que représente Jason. Je trouve très amusant le passage où une animatrice rassure une petite fille sans se rendre compte que Jason les épie par la fenêtre. Il faut attendre que l’animatrice se relève et que la caméra accompagne son geste pour qu’on découvre la présence de Jason. C’est à la fois inattendu, drôle mais ça passe aussi pour un bon jumpscare pas trop poussif.


Ça, non seulement, c’est un vrai plus parce que l’humour vient rythmer le récit, mais surtout, il iconise le personnage du tueur. Finit les apparitions de Jason en plan très large dans un décor pauvre accompagné de fumée et de « cha cha ouh ouh », ici, Jason a une vraie présence. C’est tout bête, mais intégrer un très gros plan sur son œil sert non seulement à l’humaniser mais en plus, son regard noir et plein de fureur fait comprendre le véritable danger qu’il représente (surtout qu’il vient de ressusciter le salaud).


Après, le gros problème du film vient de sa censure. Si la mise en scène est plus travaillée et propose quelques plans de grue très sympathiques, les scènes de meurtres sont trop suggestives et ne montrent pas frontalement les coups. Là où les précédents films rattrapaient leur montage ennuyeux par des meurtres jubilatoires, ici, c’est l’inverse. Je ne sais pas si l’instauration du sigle Rated R (apparu suite à Indiana Jones 2 en 1984) a poussé Paramount à édulcorer le film pour passer en PG13 mais une chose est sûre, on reste sur notre fin à chaque assassinat. Après quelques recherches, j’ai découvert que le montage final ne ressemble en rien à la vision de McLoughlin. Ça se ressent puisque les plans montrant des cadavres durent en général moins d’une seconde. Alors oui, on peut retrouver des scènes coupées sur internet mais c’est dommage qu’il n’existe pas un final cut (à ma connaissance du moins).


C’est con, parce que si le film combinait les quelques fulgurances de la mise en scène et de son montage avec une violence décontractée comme on pouvait l’avoir dans les opus précédents, j’aurai trouvé ça absolument génial. Mais il n’en est rien, le film est peut-être sorti trop tard. En tout cas, il se mate avec bien plus de plaisir que tout le reste de la saga. Un bon film pop-corn débile et rafraichissant, c’est tout ce qu’on peut espérer de cette saga.


Créée

le 26 août 2023

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James-Betaman

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