Jason X
4.2
Jason X

Film de James Isaac (2001)

Lors du rachat par New Line et Cunningham, le budget du nouveau Vendredi 13 (Jason va en enfer, chapitre 9) a été revu à la baisse ; et pour la première fois depuis le lancement de la saga (à l’exception du second opus en net retrait) s’est observée une légère inversion sur la courbe des bénéfices avec une somme supérieur au chapitre 8, le méga-nanar/navet. Le budget record de celui-ci (5 millions de $) est balayé par les 11 millions consacrés à Jason X. Ceux-ci se ressentent nettement et assurent la consécration du Jason from outer space.


Le virage de Jason X est un choc, que même l’étape Jason va en enfer ne laissait présager : choc explicite dès son perturbant générique de Mission to Mars à la moulinette de l’heroic-fantasy. Le spectacle commence à notre époque, où Jason l’invincible est cryogénisé pour être enfin supplanté, le tuer, l’enterrer, l’ébouillanter ne servant à rien. En 2455, des explorateurs venus sur Terre lors d’une mission sortent Jason de sa cellule d’isolation et l’embarquent dans leur vaisseau, prenant au passage la charmante scientifique qui gisait à côté de sa cellule, cryogénisée elle-même.


Dans leur post-humanité, on répare facilement les blessures : pour un bras coupé, il suffit d’une pommade afin de tromper la douleur, puis d’une petite séance d’UV pour recoller les morceaux. La réalisation insiste lourdement sur ces éléments au début mais ils s’avèreront quasiment inutiles puisqu’inexploités, l’attention allant plutôt sur une androïde revendicatrice immortelle puisque machine. Le scénario est bâclé et les invraisemblances omniprésentes, les auteurs estimant manifestement que l’étiquette SF permet une flexibilité absolue. Ils ne savent pas la mettre suffisamment au service de leur bouse : que les personnages soient des stéréotypes fonctionnels, les dialogues naveteux, les idées honteuses, c’est normal.


Ce qui ne se justifie pas en revanche, c’est de pousser Vendredi 13 hors de sa case pour l’emmener vers un autre genre de médiocrité, passant du slasher champêtre standard au copycat d’Alien pour beaufs. La franchise s’ouvre à un plus large public et s’achève ainsi sur un spectacle ‘fun’, qu’apprécieront plus probablement les amoureux des opus 3, 6 et 8. Jason prédateur de l’Espace, ça devrait être dantesque, c’est juste mou et vulgaire, abîmé par un second-degré plombant et la présence de tous ces cow-boys débiles du futur. Le film ne recèle que quelques tentatives potentiellement sympathiques : l’incruste de Jason dans un jeu vidéo grandeur nature est le seul petit ‘exploit’ réussi. Au contraire, la re-création de Crystal Lake en hologramme pour dompter Jason vire au minable, l’équipe du film n’y trouvant que l’occasion de réveiller le Jason jongleur (un peu du 7 télékinésiste), se mettant à taper sur des filles factices avec leurs sacs de couchages. Notons enfin un fort côté Hellraiser (3 et 4) lorsque Jason place ses victimes sur des crochets, ou s’y retrouve lui-même. D’une manière générale, le film se rapproche de l’esthétique d’un jeu vidéo, une sorte de pré-Dead Space lounge avec quelques débuts de décence lors de fugaces points de vue.


Il y avait une intention, il y a le dépaysement, la surprise en tout cas, au début. Mais c’est un ratage complet et une séance éprouvante, à peu près aussi lamentable que L’ultime retour. Les Resident Evil sont moins démoralisants et le délire est proche des Alien vs Predator & cie mais aussi des Mutante. Typique du navet lorgnant vers le nanar, Jason X se conçoit parfaitement sur M6 en dernière partie de soirée dans les années 2000, parmi les plaisirs coupables. Assurément certains y prennent du plaisir ; la vraie interrogation est ailleurs. David Cronenberg, réalisateur de Videodrome et Chromosome 3 et génie notoire, s’est-il amusé en apparaissant dans cette chose (en scientifique machiavélique) – amenant d’ailleurs avec lui un de ses acteurs fétiches (Robert Silverman, notamment dans Scanners) dans un rôle encore plus secondaire ? Il aurait accepté en échange d’une mort remarquable, il a donc été trompé.


https://zogarok.wordpress.com/2015/10/30/la-saga-vendredi-13/

Zogarok

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